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Civilisation....Dfinition

20 Mars 2018 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

De civiliser et suffixe en -ation. Ce mot apparait pour la première fois sous la plume du Marquis de Mirabeau en 1756.

 

  • À bon droit les Ministres de la Religion ont-ils le premier rang dans une société bien ordonnée. La religion est sans contredit le premier et le plus utile frein de l'humanité; c'est le premier ressort de la civilisation ; elle nous prêche et nous rappelle sans cesse la confraternité, elle adoucit notre cœur, etc. — (Marquis de Mirabeau,L'ami des hommes ou Traité de la population, 1756)
    • J’ai appelé l’attention sur le danger que présentent pour l’avenir d’une civilisa­tion les révolutions qui se produisent dans une ère de déchéance économique; […]. —(Georges SorelRéflexions sur la violence, Chap.IV, La grève prolétarienne, 1908, p.183)
    • Comme la langue latine a été la source de notre langue, comme les ruines de la civilisation romaine ont été le berceau de notre civilisation, ainsi les littératures de la Grèce et de Rome ont été les premières nourrices des lettres françaises. — (Jean-Jacques AmpèreLa Littérature française dans ses rapports avec les littératures étrangères au Moyen Âge, Revue des Deux Mondes, 1833, tome 1)
    • La civilisation au sein de laquelle nous vivons apparaît comme l’aboutissant final de l’effort humain. — (Alfred NaquetVers l’union libre, E. Juven, Paris, 1908)
    • Les immenses succès obtenus par la civilisation matérielle ont fait croire que le bonheur se produirait tout seul, pour tout le monde, dans un avenir tout prochain.—(Georges Sorel, Lettre à Daniel Halévy, 15 juillet 1907, dans Réflexions sur la violence, 1908)
    • Va-t-il me falloir enregistrer que Castelsarrasin, centre d'un obscurantisme homicide, évolue à rebours de la civilisation ? Non! — (Ludovic NaudeauLa France se regarde : Le problème de la natalitéLibrairie Hachette, Paris, 1931)
    • Sous les Omeyyades, les Arabes ont créé, en moins d’un siècle, entre 660 et 750, les conditions dans lesquelles une civilisation islamique nouvelle a pu se développer dans les grands centres urbains du Proche-Orient ancien. — (Panayiotis Jerasimof VatikiotisL’Islam et l’État, 1987, traduction d’Odette Guitard, 1992)
  • État de développement économiquesocial et culturel élevé, en parlant d'un peuple.
    • Les hommes anéantissent leur civilisation avant de l’avoir achevée. Partout ils se battent et s’exterminent, partout ! Jusque dans l’Amérique du Sud, on s’entre-tue.— (H. G. WellsLa Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. KozakiewiczMercure de France, Paris, 1910, p. 283 de l’éd. de 1921)
    • […], les seules traces de civilisation rencontrées remontaient à dix-huit siècles avec des oppida romaines. — (Bachaga BoualamLes Harkis au service de la France, p.119, France-Empire, 1963)

https://fr.wiktionary.org/wiki/civilisation

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Scientisme ... Definition

23 Mai 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

Scientisme

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Définition

Le scientisme est une croyance qui consiste à reporter sur la science les principaux attributs de la religion. C'est le biologiste Félix le Dantec qui lança ce mot dans un article paru en 1911 dans la Grande Revue. «Je crois à l'avenir de la Science : je crois que la Science et la Science seule résoudra toutes les questions qui ont un sens ; je crois qu'elle pénétrera jusqu'aux arcanes de notre vie sentimentale et qu'elle m'expliquera même l'origine et la structure du mysticisme héréditaire anti-scientifique qui cohabite chez moi avec le scientisme le plus absolu. Mais je suis convaincu aussi que les hommes se posent bien des questions qui ne signifient rien. Ces questions, la Science montrera leur absurdité en n'y répondant pas, ce qui prouvera qu'elles ne comportent pas de réponse. »

«Selon le dictionnaire philosophique Lalande, les mots scientisme et scientiste (l'adepte du scientisme) désignent 1-soit l'idée que la science fait connaître les choses comme elles sont, résout tous les problèmes réels et suffit à satisfaire tous les besoins légitimes de l'intelligence humaine, 2- soit, moins radicalement, l'idée que l'esprit et les méthodes scientifiques doivent être étendus à tous les domaines de la vie intellectuelle et morale sans exception.»

La fin du XIXe siècle et le début du XXe auront été la belle époque du scientisme.
Voici la conception que s'en faisait en 1911, le philosophe Jules de Gaultier. «Plus ou moins avoué, le scientisme implique les postulats suivants : que le monde est un tout donné, que le jeu phénoménal est compris. dans un circuit fermé, que tout est donc calculable, que l'esprit scientifique ne doit pas désespérer de capter dans ses formules l'énigme apparente de l'univers, qu'il n'y a pas d'inconnaissable. Subsidiairement ces postulats impliquent d'autres croyances : la croyance au mieux, à l'homme plus heureux par la possession plus complète des lois de la nature, la croyance à la substitution possible des méthodes scientifiques aux religions et aux morales, soit la croyance à la solution rationnelle du problème moral. Ainsi la croyance scientiste répète la somme des pétitions qui composent le programme de l'espérance humaine sous ses formes messianiques et morales. Elle restitue, en fin de compte, parmi les perspectives d'un développement inappréciable en durée, le thème du rêve toujours renaissant et qui jamais n'aboutit de la conscience humaine en quête de futurs meilleurs, de ce rêve dont un brusque éveil ne brise jamais l'élan parce qu'il est sans doute l'une des formes que prend, dans le champ de la conscience, l'énergie vitale elle-même. Par là, la croyance scientiste relève, parmi les catégories philosophiques, de celles que j'ai nommées, philosophies de l'Instinct vital : comme les diverses religions, comme les diverses philosophies spiritualistes, elle a pour effet de donner aux hommes des raisons de vivre, de fomenter l'intrigue et les prétextes du jeu phénoménal, de faire croire pour faire agir. Elle ne recherche pas, comme les philosophies de l'Instinct de connaissance, la connaissance pure et simple, mais elle recherche la connaissance en vue d'un but. Il ne s'agit pas pour le scientisme de connaître comment les choses se passent pour le savoir, à la façon dont Socrate avant de mourir apprenait une chanson, mais de connaître pour agir. La connaissance n'est pas ici une catégorie, un mode de la vision, elle est un mode, un ressort de l'action, elle est un moyen pour un but, elle suppose l'existence du but, elle implique finalisme. L'organisation scientifique de la vie, qui est l'un des voeux souvent énoncés du scientisme, suppose en effet que la vie comporte un but, que ce but est donné et qu'il est connaissable; car on n'organise qu'en vue d'une fin. Le scientisme implique donc finalisme, finalisme au sens le plus métaphysique. Il suppose en fin de compte, dissimulée sous mille réticences, cette hypothèse que la vie a une fin prédéterminée, un sens, une direction connaissable et que l'organisation scientifique de la vie consisterait, après avoir distingué cette direction, à y pousser l'humanité. Or aucune conception n'est plus contraire à l'esprit scientifique que cette croyance en un finalisme métaphysique. C'est purement et simplement un acte de foi et le scientisme relève, sous ce jour, d'une croyance idéologique comme les diverses religions relèvent de la croyance théologique. C'est une croyance parce qu'aucun de ces postulats - le monde tend vers une fin - tout est connaissable - ne peut être démontré. Mais c'est de plus une croyance déraisonnable parce qu'elle prétend se fonder sur la raison, sur les formes de notre faculté de comprendre, et que ces formes nous montrent l'expérience, le devenir de l'existence se développant parmi les perspectives indéfinies du temps, de l'espace et de la cause, insaisissables donc dans leur totalité, échappant nécessairement à l'étreinte du savoir. Les scientistes ne reconnaissent comme fondement du savoir que deux principes, la raison et l'expérience, c'est là leur méthode, - elle est excellente, mais ils font en matière philosophique le pire usage, invertissant l'ordre logique de ces deux principes,, soumet- tant l'expérience à la raison, afin de réaliser avec les formes rigides de la raison telle qu'ils l'imaginent cette systématisation complète de l'existence qui légitimerait dans un avenir plus ou moins lointain la proposition du scientisme : Tout est connaissable. Tout est connaissable et comme corollaire : ``Il n'y a que de l'inconnu et point d'inconnaissable`` »

Jules de Gaultier, Revue philosophie de la France et de l'étranger, 1911.

Documentation

Science et scientisme, par Georges Cottier (conférence prononcée au Colloque International «Le défi du sécularisme et le futur de la foi, au seuil du troisième millénaire», Université Urbanienne, Rome, 30 novembre 1995; publié dans Cultures et foi, vol. IV, no 1, 1996).

Entrevue. Dominique Lecourt: l'empêcheur de penser en rond. Propos recueillis par Serge Truffault, Le Devoir, 17 avril 2000: «À bien des égards, le philosophe français symbolise mieux que quiconque la résistance au scientisme.»

Pseudosciencia, racionalismo et cientismo.

Science contra Scientism, Wissenschaft contra Wissenschaftlismus

Date de création:2003-10-04 | Date de modification:2006-11-02

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Informations

Références

Millénarisme
Progrès
Science
Positivisme
Virchow Rudolf

Raccourcis

Du scientisme au relativisme
Fédération des scientifiques américains

Lnguistique

Difficultés

En anglais, le mot scientist désigne le savant. Le mot scientiste utilisé en français pour désigner le savant est évidemment un anglicisme.

Antonymes

Relativisme

Allemand

Wissenschaftismus

Anglais

Scientism

Espagnol

Cientismo

Données d'édition

Date de création:
2003-10-04

Dernière modification:
2006-11-02

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Laïcité....Definition

23 Mai 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

"Toupictionnaire" : le dictionnaire de politique

 

Laïcité



Définition de la laïcité


Etymologie : du grec laikos : peuple.

Dans le langage chrétien, un
laïc était au Moyen Age un "baptisé" qui n'appartenait pas au clergé. De nos jours, c'est une personne chargée de fonctions qui étaient autrefois dévolues au clergé, dans une institution catholique.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la IIIe République, la
laïcité est devenue une conception de l'organisation de la société visant à la neutralité réciproque des pouvoirs spirituels et religieux par rapport aux pouvoirs politiques, civils, administratifs. Le but était de lutter contre le cléricalisme, c'est-à-dire l'influence des clergés et des mouvements ou partis religieux sur les affaires publiques. La laïcité est aussi une éthique basée sur la liberté de conscience visant à l'épanouissement de l'homme en tant qu'individu et citoyen.

Concrètement, la laïcité est fondée sur le principe de séparation juridique des Eglises et de l'
Etat (loi de 1905 en France), en particulier en matière d'enseignement.

Cette séparation a pour conséquence :

  • la garantie apportée par l'Etat de la liberté de conscience et du droit de d'exprimer ses convictions (droit de croire ou de ne pas croire, de changer de religion, d'assister ou pas aux cérémonies religieuses).
  • eutralité de l'État en matière religieuse. Aucune religion n'est privilégiée; il n'y a pas de hiérarchie entre les croyances ou entre croyance et non-croyance.

 

Historique de la laïcité

La laïcité, en France, s'est mise progressivement en place pendant plus d'un siècle :

  • 1789 : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen institue la liberté religieuse "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses" (article X)
  • 1791 : la Constitution établit la liberté des cultes et accorde des droits identiques aux religions présentes alors en France : catholique, judaïque et protestante.
  • 1881-1882 : les Lois de Jules Ferry instituent l'école publique gratuite, laïque et obligatoire.
  • 1905 : la Loi de séparation des Églises et de l'Etat : "La République ne reconnaît, ne finance ni ne subventionne aucun culte" (article 2). L'Alsace Moselle, du fait de son rattachement à l'Allemagne lors du vote de cette loi, bénéficie d'un statut dérogatoire fondé sur le Concordat de 1801 signé par le Consul Napoléon Bonaparte.
  • 1946 : le principe de laïcité est inscrit dans le Préambule de la Constitution.
  • 1959 : la Loi Debré accorde des subventions aux écoles privées qui sont sous contrat avec l'Etat.
  • 1989 : la Loi Jospin de 1989 accorde aux élèves des collèges et des lycées, "dans le respect du pluralisme et du principe de neutralité, de la liberté d'information et de la liberté d'expression" (article 10). Cette loi va notamment provoquer l'apparition des foulards islamiques dans les établissements scolaires.
  • 2004 : une loi réglementant le port des signes religieux à l'Ecole est mise en place pour résoudre les conflits liés au port du voile islamique.

Cette dernière loi résulte de la confrontation de deux visions de la laïcité à l'Ecole quant aux signes religieux, l'une se limitant à l'absence de manifestation des croyances religieuses aux enseignants et autres personnels de la fonction publique, l'autre étendant ce principe aux élèves. A ce débat se sont greffés des problèmes d'intégration et d'identité de la communauté musulmane que la loi n'aborde pas.

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Définition de sécularisation, sécularisme

23 Mai 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

"Toupictionnaire" : le dictionnaire de politique

 

Sécularisation, sécularisme



Définition de sécularisation, sécularisme


Etymologie : de séculaire, venant du latin saecularis, séculier, profane, dérivé de saeculum, siècle, moeurs du siècle, vie mondaine, monde.

L'adjectif
"séculier" qualifie :
- ce qui
appartient au siècle, c'est-à-dire au monde laïc et non à l'Eglise.
- des ecclésiastiques qui
ne sont pas soumis à la règle au sein d'un ordre religieux (par opposition aux réguliers).

La
sécularisation est l'action, ainsi que le résultat de cette action, de séculariser, c'est-à-dire de faire passer un bien ou une personne d'un état régulier à un état séculier. La sécularisation est aussi l'action de faire passer du domaine ecclésiastique au domaine laïc.
Exemples :
- La sécularisation des biens du clergé par l'Assemblée Constituante de 1789,
- le retour d'un membre du clergé à la vie laïque.

Sécularisme

Le sécularisme est la tendance séculière que peut prendre un mouvement religieux.

En matière de politique, le sécularisme est le principe selon lequel
les religions ne doivent pas avoir de pouvoirs politiques ni influencer le gouvernement d'un pays et que réciproquement le pouvoir politique ne doit pas intervenir dans les affaires propres aux différentes religions.
Il défend la séparation des Églises et de l'État.

Le sécularisme apparaît comme une tendance à transférer la plupart des valeurs sociales du domaine du sacré à celui du profane. Il conduit à la désacralisation d’un large domaine d'activités dont celle de l'organisation sociale, qui devient un produit de l'histoire et des politiques humaines et qui peut donc être soumise à la critique rationnelle et à la transformation volontaire.

La sécularisation est un phénomène de
civilisation qui implique une nouvelle organisation de l'espace public en accord avec les valeurs de l'émancipation politique et de la liberté de conscience.

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العلمانية .....اللائكية...... اليسار

23 Mai 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

Sécularisme :   العلمانية

Séculariser un religieux : le faire passer de domaine ecclésiastique au domaine laïque.

Ecclésiaste : livre de l’ancien testament 3eme siècle avant J.C.

Ecclésiastique : qui a rapport à l’église, aux clergés (رجال الدين  )

Laïque : chrétien baptisé qui n’est ni clerc ni religieux.

Conseil laïque : conseil non religieux, complètement indépendant de la religion.

Laïque : opposé à religieux.

Habit laïque : qui n’a pas d’appartenance religieuse et, qui est indépendant de toute confession

Laïcité : principe de séparation de l’église et de l’Etat.

Laïcisme : tendance à laïciser l’enseignement, les institutions, c-a-dire les éloigner de toute influence religieuse, les vider de tout contenu religieux.

Gauche : manque d’aisance, manque d’adresse.

Un style gauche : maladroit, embarrassé, mal habile.

Gauche : les députés et les sénateurs qui siègent à la gauche du président de l’assemblé et qui représentent les parties désireux des changements  politiques et sociaux en faveur des classes modestes.

Gauchisme : doctrine, ou autrement dit, tendance idéologique et politique rassemblant tous ceux qui prennent la philosophie marxiste comme référence.

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scientisme....definition

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #Definitions

Scientisme

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Étienne-Louis Boullée, Projet de cénotaphe à Newton, vue en élévation, 1784.

Le scientisme est une idéologie apparue au XIXe siècle, selon laquelle la connaissance scientifique doit permettre d'échapper à l'ignorance dans tous les domaines et donc, selon la formule d'Ernest Renan (1823-1892) d'organiser scientifiquement l'Humanité. Il s'agit d'une foi absolue dans les principes de la science. Dans cette perspective, le politique s'efface devant la gestion "scientifique" des problèmes sociaux et toute querelle ne peut relever que de l'ignorance ou de la mauvaise foi.

Le scientisme peut être compris à trois niveaux :

  • la tendance philosophique à n'accepter pour vrai, que ce qui est établi selon une méthode scientifique ;
  • l'opinion selon laquelle l'univers est connaissable ;
  • péjorativement, l'excès de confiance dans la science que l'on associe ainsi a un dogme ; c'est ce qui constitue la principale limite de cette conception.

Tous les grands collectivistes planificateurs (Saint-Simon, Auguste Comte, Marx, Lénine, etc.) furent des scientistes qui voulaient remplacer le gouvernement des Hommes par le gouvernement des choses, pensant naïvement que l'étude scientifique révélerait, pourvu que l'on apprît à décrypter le « livre de la nature » (idée rationaliste provenue de l'âge classique : Descartes, Leibniz), au Technocrate-Roi un plan unique et objectif auquel tous adhèreraient au-delà de leurs intérêts particuliers ; cette fiction fut démontée de manière pratique par l'école autrichienne (cf. critique de Marx par Eugen Böhm-Bawerk, débat sur le calcul économique en régime socialiste), et dont La Route de la servitude développe tous les aspects y compris moraux (devenir dictatorial puis tyrannique).

Le scientiste accorde une grande importance à l'éducation qui, en libérant le plus grand nombre des illusions métaphysique et théologique tout en l'assujetissant dès le plus jeune âge pour le faire entrer dans le moule uniforme de l'homme nouveau qu'il s'agit de créer, rend possible la gestion rationnelle de la société. Pour les scientistes les plus radicaux, le pouvoir politique doit être confié à des savants et non à des bureaucrates. À la limite, cette conception débouche sur la négociation de la démocratie : une solution « scientifique » élaborée par des experts compétents n'a pas à être discutée. La main invisible qui faisait collaborer muettement des individus totalement différents, mus par des intérêts propres (diversité qualitative), et extrêmement nombreux (complexité quantitative, polycentrisme) se voient encasernés dans une grande usine qu'un despote fraternel se charge d'être le contremaître. Le scientisme n'est donc qu'une forme de collectivisme qui, désirant être le triomphe de la Raison, des Lumières et de l'efficacité (contre « l'anarchie de la production »), en vient à politiser toute l'existence des individus du groupe. Cette politisation et le besoin de maintenir chaque atome social dans un même assujetissement conduit à des délires irrationnelles et des aberrations qui consacrent la défaite de la Raison :

« Présenter la théorie de la relativité comme « une attaque sémite contre les bases de la physique chrétienne et nordique » ou la contester parce qu’elle se trouve « en conflit avec le matérialisme dialectique et le dogme marxiste », revient au même. Repousser certains théorèmes de mathématique statistique en prétendant « qu’ils participent à la lutte des classes sur la frontière idéologique et qu’ils sont le produit du rôle historique des mathématiques au service de la bourgeoisie » [doctrines du marxisme scientifique] ou condamner cette discipline dans son ensemble « parce qu’il n’est pas suffisamment garanti qu’elle sert les intérêts du peuple », voilà qui revient à peu près au même. Les mathématiques pures ne sont pas mieux traitées et il parait qu’on peut attribuer certaines conceptions de la continuité « aux préjugés bourgeois ». Selon les Webb, la Revue des Sciences Naturelles Marxistes-Léninistes se réclame des principes suivants : « Nous représentons le parti dans les mathématiques. Nous combattons pour la pureté de la théorie marxiste-léniniste en chirurgie ». Nous ne saurions traiter ces aberrations, si incroyables qu’elles paraissent, comme de simples accidents (...): elles dérivent du même désir de voir diriger [par une élite éclairée par la science] chaque chose par « une conception d’ensemble du tout ». » (La Route de la servitude, PUF, p.117-118.)

Le positivisme est une forme de croyance dans la science qui a prévalu à partir de la diffusion des idées d'Auguste Comte. Le scientisme est une manifestation moins dogmatique, mais qui continue d'imprégner la société de façon plus diffuse, que l'on appelle aujourd'hui la technocratie, notamment bruxelloise.

A noter : le terme anglais "scientist" peut signifier à la fois scientifique ou scientiste.

Scientisme en économie

L'Ecole autrichienne d'économie s'élève contre les prétentions à mettre l'action humaine en équations.

Ludwig von Mises qualifie de "scientisme" l'idée selon laquelle la seule approche véritablement "scientifique" de l'étude de l'homme et de l'économie serait d'imiter celle des sciences physiques et en particulier de la physique, approche stérile qui ignore la réalité de l'action humaine intentionnelle, qui échappe au déterminisme strict et aux tentatives de prédiction quantitatives :

(La méthode mathématique) est complètement viciée, elle part de fausses hypothèses et conduit à de fausses inférences.

De la même façon, Hayek appelle "scientisme" l'imitation de la méthode des sciences naturelles de la part des "scientifiques" sociaux :

"[...] dans le sens où nous utilisons ces termes, ils décrivent évidemment une attitude qui est décidément a-scientifique dans le vrai sens du terme, puisqu'elle implique une application mécanique et non-critique d'habitudes de pensée à des domaines différents de ceux pour lesquels elles ont été créées. Le point de vue scientiste, envisagé à l'aune de l'approche scientifique n'est pas une démarche sans préjugés : elle en surabonde, puisqu'avant de considérer quel est l'objet de son étude, elle prétend savoir quelle est la manière la plus appropriée de l'explorer". (The Counter-Revolution of Science)

Le terme d'économisme a un sens voisin.

Voir aussi économie et mathématiques

Citations

  • Les aspirations présomptueuses selon lesquelles la « raison » devrait diriger sa propre croissance, ne pourraient avoir en pratique d'autre effet que d'entraîner la limitation de celle-ci, de la borner aux seuls résultats que peut prévoir l'esprit individuel qui dirige. Ces aspirations sont la conséquence directe d'une certaine espèce de rationalisme ; en réalité, c'est le résultat d'un rationalisme mal compris ou mal appliqué, qui échoue à reconnaître la mesure dans laquelle la raison individuelle est un produit de relations interindividuelles. Demander que tout, y compris la croissance de l'esprit humain, soit consciemment contrôlé, est en soi le signe d'une mauvaise compréhension du caractère général les forces que constitue la vie de l'esprit humain et de la société humaine. C'est le stade extrême des forces auto-destructives de notre civilisation « scientifique » moderne, de ce mauvais usage de la raison. (Friedrich Hayek, "Scientisme et sciences sociales", éd. Plon, 1953, p.108)
  • Quand chacune de ces expériences conduit à son échec inévitable, les technocrates cherchent la solution au mauvais endroit ; au lieu de penser que l'erreur tient au fait même de contrôler, ils pensent que ce qu'ils doivent faire, c'est de "raffiner" le modèle et travaillent avec empressement à inventer une autre chimère. L'éducation reçue à l'université les empêche pratiquement de penser à une autre éventualité : l'économie mathématique les a éloignés du problème que tout économiste devrait connaître : comment le marché fonctionne dans la réalité. Ils sont bien peu nombreux, les économistes qui prennent une minute pour penser à ce qu'ils sont en train de faire ; l’emploi des mathématiques est une "donnée" qu'on ne met pratiquement jamais en cause. Cependant, comme toute erreur, il est condamné à disparaître avec le temps. (Juan Carlos Cachanosky)
  • Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n'auront plus que des crédulités scientifiques. (Anatole France, L'hypnotisme dans la littérature)
  • Toute la conception moderne du monde repose sur l'illusion que les prétendues « lois de la nature » constitueraient les explications des phénomènes naturels. (Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus, 6.371)
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