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la collusion entre Islam et marxisme

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #divers

J'ai entendu aussi cet énergumène vomir sa haine chez Noudelmann, pendant 20 mn, pratiquement sans reprendre sa respiration. J'avais l'impression d'avoir dans mon salon un cochon qui faisait des saletés sur le tapis, de plus en plus, et de plus en plus grosses. Je google l'énergumène, je découvre qu'il est professeur des universités. D'après son niveau de langue (et de pensée), je le situais patron de bar-tabac.

Qu'est-ce qui autorise ce monsieur à se déchaîner ainsi contre tous ceux de ses concitoyens qui ne partagent pas son agenda islamiste ? Et pourquoi n'est-ce pas poursuivi par la loi ? Qu'est-ce qui autorise monsieur Noudelmann (l'homme-nouille) à faire venir, vendredi après vendredi, une de ces sommités, qui se déchaîne contre les Paléofrançais dans les termes les plus véhéments et les plus orduriers ?

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Alors là, monsieur Chatterton, je voudrais avoir écrit ce que je viens de lire sous votre plume. Il m'a scié, le Salem !

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De temps en temps, afin de maintenir le mythe de son objectivité, le journal "Le Monde" publie un article contraire à son idéologie souterraine.

Le voile du NPA : la farce qui cache la burqa…, par Hamid Zanaz

Quand le réel échappe aux politiques, ils commettent des imprudences ! C'est le cas du Nouveau Parti anticapitaliste. Oser présenter une candidate voilée sur une liste régionale n'est ni courageux, ni provocateur, ni populiste. Mais simplement une confirmation de l'alliance de cette secte politique avec le fondamentalisme islamique. Un cheminement logique. Se voiler, ce n'est qu'un "refus de la dictature du corps imposée par l'Occident aux femmes", disait Salma Yacoub, une voilée communautariste anglaise d'origine pakistanaise à Londres. Devinez qui était à côté d'elle sur la même tribune. L'anticapitaliste intentionnaliste Besancenot... Mais – faut-il le rappeler ? –, l'extrême gauche avait combattu la loi interdisant les signes religieux ostentatoires à l'école. Elle a toujours défendu le voile. Pis encore, les gauchistes ne se sont jamais opposés à l'islamisme, ni dans le discours ni sur le terrain. Ni ici ni ailleurs. En Algérie, ils ont soutenu le FIS, ils étaient même prêts à vivre dans un Etat islamique !

Tout cela est connu, la presse en avait parlé longuement de ce rapprochement semi-clandestin. Mais là où la chose devient risible voire dangereuse, c'est dans l'explication de cet acte odieux. Car pour ne pas assumer leur connivence avec l'archaïsme religieux, les responsables de cette formation poussent le ridicule à son extrême en affirmant que le voile est compatible avec l'épanouissement de sa porteuse, sa libération, voire son militantisme féministe !

Le voile révolutionnaire ! Allons voir de près pour ne pas se faire avoir. L'étymologie nous renseigne mieux que les slogans creux du postier : la langue arabe de tous les jours nous dévoile parfaitement la réalité du voile : les femmes "hidjabisées" sont des femmes moultazimates, c'est-à-dire engagées ! Islamistes. Le titre d'une cassette du missionnaire et ami des trotskistes français Tariq Ramadan est révélateur : La Femme musulmane face à son devoir d'engagement. Les autres sont des moutabaridjates, des dépravées. En arabe parlée, dans les territoires perdus de la République, la non-voilée, c'est Arianna, ce qui veut dire "à poil", salope. Cela fait partie de l'action psychologique islamique qui consiste à faire pression sur la non-voilée pour qu'elle se voile, sur la voilée pour qu'elle se "niqabise", et ainsi de suite… Le voile n'est qu'une étape vers la burqa. Dans quelques années, si rien n'est fait, toutes les burqas en puissance, deviendront effectives.

Croire que l'islamisme est anticapitaliste est mal le connaître. Il est un antihumanisme viscéral, un fascisme même. N'oublions pas que le mouvement islamiste dans son ensemble était une riposte capitaliste contre la pensée socialiste arabe, contre la laïcisation du monde arabe! Le voile d'Ilham a dévoilé Besancenot aux électeurs. Tant mieux !

Aucun esprit non pollué ne peut admettre que les femmes choisissent librement leur aliénation.

Hamid Zanaz est l'auteur de L'Impasse islamique, la religion contre la vie, préface de Michel Onfray, Les Editions libertaires, 2009.

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Publié par Revue Internationale le 27 March, 2005 - 20:48 in · Décomposition · Religion · 11 septembre 2001 · 3330 lectures..."> islam:symtome de la composition du capitalisme

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #religion

Islam: un symptôme de la décomposition du capitalisme<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

Publié par Revue Internationale le 27 March, 2005 - 20:48

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·         Décomposition

·         Religion

·         11 septembre 2001

·         3330 lectures

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Ce n'est pas la première fois que le capitalisme justifie sa marche à la guerre en mettant en avant la notion de "choc entre deux civilisations'. En 1914, les ouvriers sont partis au front pour défendre la "civilisation" moderne contre la barbarie du knout russe ou du Kaiser germanique ; en 1939 ce fut pour défendre la démocratie contre les ténèbres du Nazisme, et de 1945 à 1989, pour la démocratie contre le communisme ou pour les pays socialistes contre l'impérialisme. Aujourd'hui, on nous sert le refrain de la défense du "mode de vie occidental" contre "le fanatisme islamiste" ou, à l'inverse, de "l'Islam contre les Croisés et les Juifs". Tous ces slogans sont des cris de ralliement à la guerre impérialiste ; en d'autres termes, des appels au combat militaire entre les fractions rivales de la bourgeoisie, en pleine époque de décomposition du capitalisme décadent.

L'article qui suit contribue à combattre cette idée selon laquelle l'Islam militant se situerait en dehors de la civilisation bourgeoise, et serait même dirigé contre elle. Nous allons essayer de montrer exactement le contraire : ce phénomène ne peut se comprendre que comme le produit, l'expression concentrée, du déclin historique de cette civilisation.

Un deuxième article étudiera l'approche marxiste du combat contre l'idéologie religieuse au sein du prolétariat.

Pour Marx, c'est le capitalisme qui sape les fondements de la religion

Marx voyait la religion comme "la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu'. La religion est donc "une conscience erronée du monde? la réalisation fantastique de l'essence humaine, parce que l'essence humaine n'a pas de réalité véritable' (1). Cependant, ce n'est pas simplement une conscience erronée, mais une réponse à l'oppression réelle (réponse inappropriée et qui ne conduit qu'à un échec) :

"La détresse religieuse est, d'une part l'expression de la détresse réelle, et, d'autre part la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, le c?ur d'un monde sans c?ur, de même qu'elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple' (2).

En opposition avec ces philosophes du 18ème siècle qui dénonçaient la religion comme n'étant que l'?uvre d'imposteurs, Marx a affirmé qu'il était nécessaire d'exposer les racines réelles, matérielles, de la religion, dans le cadre de rapports de productions économiques bien déterminés. Il pensait avec confiance que l'humanité pourra réussir à s'émanciper de cette fausse conscience, et atteindre son plein potentiel dans un monde communiste sans classe.

De fait, Marx a mis en avant à quel point le développement économique du capitalisme avait sapé les fondements de la religion. Dans L'Idéologie allemande, par exemple, il affirme que l'industrialisation capitaliste a réussi à réduire la religion à n'être plus qu'un simple mensonge. Pour se libérer, le prolétariat devait perdre ses illusions religieuses et détruire tous les obstacles l'empêchant de se réaliser en tant que classe ; mais le brouillard de la religion devait être rapidement dispersé par le capitalisme lui-même. En fait, pour Marx, le capitalisme lui-même était en train de détruire la religion, à tel point qu'il en parlait parfois comme étant déjà morte pour le prolétariat.

Les limites du matérialisme bourgeois

Les continuateurs de Marx ont clairement noté qu'une fois que le capitalisme a cessé d'être une force révolutionnaire pour la transformation de la société, vers 1871, la bourgeoisie s'est de nouveau tournée vers l'idéalisme et la religion. Dans leur texte : L'ABC du communisme (un développement du programme du Parti communiste russe en 1919), Boukharine et Préobrajenski expliquent les relations entre l'Église orthodoxe russe et le vieil État féodal tsariste. Sous les tsars, expliquent-ils, le principal contenu de l'éducation était la religion :"maintenir le fanatisme religieux, la stupidité et l'ignorance, était d'une importance primordiale pour l'État" (3). L'Église et l'État étaient "obligés d'unir leurs forces contre les masses laborieuses et leur alliance servait à raffermir leur domination sur les travailleurs" (4). En Russie, la bourgeoisie émergente s'est trouvé précipitée dans un conflit contre la noblesse féodale, qui incluait l'Église, car elle convoitait les immenses revenus que cette dernière tirait de l'exploitation des travailleurs : "la base réelle de cette demande était le désir de voir transférés vers la bourgeoisie les revenus alloués à l'Église par l'État" (5).

Comme la jeune bourgeoisie d'Europe occidentale, la bourgeoisie montante de Russie menait une campagne vigoureuse pour la complète séparation de l'Église et de l'État. Cependant, nulle part ce combat n'a été mené à son terme, et dans chaque cas - même en France où le conflit fut particulièrement aigu - la bourgeoisie a fini par atteindre un compromis avec l'Église : dans la mesure où cette dernière jouait son rôle de pilier du capitalisme, elle pouvait s'unir à la bourgeoisie et mener ses activités religieuses. Boukharine et Préobrajenski (6) attribuent ceci au fait que "partout le combat mené par la classe ouvrière contre les capitalistes prenait de l'intensité? Les capitalistes pensèrent qu'il était plus avantageux de s'accorder avec l'Église, d'acheter ses prières au nom du combat contre le socialisme, d'utiliser son influence sur les masses incultes afin de maintenir vivant dans leur esprit le sentiment d'être des esclaves soumis à l'État exploiteur'.

Les bourgeois d'Europe occidentale firent alors la paix avec le Clergé, tout en affichant, pour la plupart, en privé, un prétendu matérialisme. Comme Boukharine et Préobrajenski le montrent (7), la clé de cette contradiction se trouve dans "la poche des exploiteurs". Dans son texte de 1938, Lénine philosophe, Anton Pannekoek, de la Gauche communiste hollandaise, explique pourquoi le matérialisme naturaliste de la bourgeoisie montante eut une courte espérance de vie :

"Tant que la bourgeoisie pouvait croire que sa société de propriété privée, de liberté personnelle, de libre compétition, pouvait résoudre, par le développement de l'industrie, des sciences et des techniques, tous les problèmes matériels de l'humanité, elle pouvait croire de la même manière que les problèmes théoriques pourraient être résolus par la science, sans avoir besoin de faire l'hypothèse de l'existence de pouvoirs surnaturels et spirituels. C'est pourquoi, dès qu'il apparut que le capitalisme ne pouvait résoudre les problèmes matériels des masses, comme le montrait la montée de la lutte de classe du prolétariat, la confiance dans la philosophie matérialiste disparut. De nouveau le monde fut perçu comme plein d'insolubles contradictions et d'incertitudes, de forces sinistres menaçant la civilisation. Alors la bourgeoisie se tourna vers différentes croyances religieuses, et ses intellectuels et ses savants furent soumis à l'influence de tendances mystiques. Ils ne furent pas longs à découvrir les faiblesses et les défauts de la philosophie matérialiste et à tenir des discours sur les limites de la science et sur les énigmes insolubles du monde.' (8)

Si cette tendance était parfois présente durant la phase ascendante du capitalisme, elle devint la règle dès le début de l'époque de décadence. Ayant atteint les limites de son expansion, le capitalisme en déclin a été incapable de créer un monde totalement à son image : il a laissé des régions entières en retard et non développées.

C'est ce retard économique et social qui constitue la base de l'emprise que la religion exerce encore sur ces zones. Les Bolcheviks eux-mêmes furent confrontés à ce problème, et furent obligés d'inclure dans leur programme, en 1919, une section traitant spécifiquement de la religion, "expression de l'arriération des conditions matérielles et culturelles de la Russie".

La bourgeoisie est obligée de compter sur l'idéalisme et la religion dans la période de décadence, et ce particulièrement quand son optimisme est ébranlé ; on l'a vu avec le Nazisme, qui a révélé une tendance profonde vers l'irrationalisme. Dans l'étape finale de la décadence capitaliste, la décomposition, ces tendances sont encore amplifiées, et même des membres de la bourgeoisie (comme le milliardaire Oussama Ben Laden) finissent par prendre au sérieux les croyances réactionnaires et obscurantistes qu'ils affichent. Comme Boukharine et Préobrajenski le notent à juste titre (9): "si la classe bourgeoise commence à croire en Dieu et en la vie éternelle, ceci signifie simplement qu'elle se rend compte que sa vie ici-bas touche à sa fin ! '.

La floraison de mouvements irrationalistes parmi les masses des régions les plus défavorisées prend de plus en plus d'importance dans la période de décomposition, où apparaît clairement l'absence de tout avenir pour le système, et où la vie sociale, dans les zones les plus faibles de la périphérie du capitalisme, tend à se désintégrer. Partout dans le monde, comme lors des derniers jours des précédents modes de production, nous assistons à la montée des sectes, des cultes suicidaires apocalyptiques et des différents fondamentalismes. Il est clair que l'Islamisme est une expression de cette tendance générale. Mais, avant d'examiner son expansion, il faut revenir sur les origines historiques de l'Islam en tant que religion mondiale.

Les origines historiques de l'Islam

A sa fondation, au 7ème siècle, dans la région du Hedjaz, à l'ouest de l'Arabie, l'Islam représente, pour résumer, une synthèse entre le judaïsme, le christianisme byzantin et assyrien et des religions antiques de Perse ainsi que des croyances locales monothéistes, comme l'Hanifiyia. Ce riche mélange était adapté aux besoins d'une société en plein bouleversement social, économique et politique. Dominé par la cité de La Mecque, le Hedjaz était à cette époque le principal carrefour commercial du Moyen-Orient. L'Arabie était prise entre deux grands empires : la Perse, dynastie des Sassanides, et Byzance, l'empire romain d'Orient. Dans cette société, la classe dominante de La Mecque encourageait les commerçants de passage à placer leurs dieux païens personnels dans la Ka'aba, un sanctuaire religieux local, et de les y adorer à chacune de leurs visites. Cette idolâtrie rapportait beaucoup aux riches habitants de la ville.

Pendant environ 100 ans, La Mecque fut une société prospère, dirigée par une aristocratie tribale, utilisant quelque peu le travail des esclaves, pratiquant un commerce prospère avec des régions éloignées et tirant des revenus additionnels de la Ka'aba. Cependant, au moment où Mahomet parvint à l'âge adulte, la société était dans un état de crise profonde. Celle-ci éclata, menaçant l'effondrement en une guerre sans fin entre les différentes tribus.

Juste à l'extérieur de La Mecque et de Yathrib, deuxième ville de la région, aujourd'hui Médine, se trouvaient les Bédouins, fières et austères tribus nomades indépendantes, qui, au début, avaient bénéficié de l'enrichissement des centres urbains de la région ; ils avaient pu emprunter auprès des riches citadins et accroître ainsi leur niveau de vie. Cependant, ils étaient de plus en plus incapables de rembourser leurs dettes, une situation qui devait avoir des conséquences explosives. La désintégration des tribus allait s'accélérant, à la fois dans les villes et dans les oasis du désert ; les Bédouins étaient "vendus comme esclaves ou réduits à un état de dépendance? Les limites étaient franchies'. De façon plus précise (10) :

"Inévitablement, ces transformations économiques et sociales furent accompagnées de changements intellectuels et moraux. Ceux qui avaient du flair pour les affaires prospéraient. Les vertus traditionnelles des fils du désert, les Bédouins, ne représentaient plus le chemin de la réussite. Savoir saisir sa chance et être avide était bien plus utile. Les riches étaient devenus fiers et arrogants, glorifiant leurs succès comme une affaire personnelle et non plus comme concernant la tribu entière. Les liens du sang allaient s'affaiblissant, remplacés par d'autres, basés sur l'intérêt'. (11)

Plus loin :

"L'iniquité triomphait au sein des tribus. Les riches et les puissants opprimaient les pauvres. Chaque jour les lois ancestrales étaient bafouées. Le faible et l'orphelin étaient vendus comme esclaves. L'ancien code d'honneur, de décence et de moralité, était piétiné. Le peuple ne savait même plus quels dieux servir et adorer'. (12)

Cette dernière phrase est hautement significative : dans une société où la religion était le seul moyen possible de structurer l'existence quotidienne, elle exprime clairement la gravité de la crise sociale. L'Islam appelle cette période de l'histoire de l'Arabie la jahiliyya, ou ère de l'ignorance, et dit que durant cette période, il n'y avait pas de limites à la débauche, à la cruauté, à la pratique d'une polygamie sans limite et au meurtre des nouveau-nés de sexe féminin.

L'Arabie de cette époque était déchirée à la fois par les rivalités de ses propres tribus, en guerre les unes contre les autres et par les menaces et les ambitions des civilisations avoisinantes. D'autres facteurs plus globaux intervenaient. On savait en Arabie que les empires perses et romains avaient de sérieux ennuis, tant internes qu'externes, et étaient près de s'effondrer, et beaucoup y voyaient "la proclamation de la fin du monde' (13). La majeure partie du monde civilisé était aussi au bord du chaos.

Engels a analysé la montée de l'Islam comme "une réaction des Bédouins contre les citadins, puissants mais dégénérés, et qui à cette époque professaient une religion décadente, mélange d'un culte naturaliste dépravé avec le judaïsme et le christianisme' (14).

Né à La Mecque en 570 après J.C., mais élevé en partie dans le désert par des Bédouins, et profondément influencé par les courants intellectuels venus du monde entier qui inondait l'Arabie, et plus spécialement le Hedjaz, Mahomet, homme réfléchi et enclin à la méditation, était le vecteur idéal pour résoudre la crise des relations sociales qui frappait sa ville et sa région. Le commencement de son ministère en 610, fit de lui l'homme de la situation.

L'Arabie entière était mûre pour le changement ; elle était en condition pour qu'émerge un État pan-arabe, capable de surmonter le séparatisme tribal et plaçant la société sur de nouvelles fondations économiques, et par là sociales et politiques. L'Islam prouva qu'il était l'instrument parfaitement adapté pour accomplir cela. Mahomet enseigna aux Arabes que le chaos grandissant de leur société résultait du fait qu'ils s'étaient détournés des lois de Dieu (la Shari'a). Ils devaient se soumettre à ces lois s'ils voulaient échapper à la damnation éternelle. La nouvelle religion dénonça la cruauté et les luttes inter-tribales, déclarant non seulement que les Musulmans étaient tous frères, mais qu'en tant qu'hommes et femmes ils avaient l'obligation de s'unir. L'Islam (littéralement soumission à Dieu) proclama que c'était Dieu lui-même (Allah) qui demandait cela. L'Islam mit hors-la-loi la débauche (l'alcool, les jurons et les jeux d'argent furent prohibés), la cruauté fut interdite (par exemple, les propriétaires d'esclaves furent encouragés à les libérer), la polygamie fut limitée à quatre épouses pour chaque croyant de sexe masculin (chacune d'entre elles devant être traitée avec équité - ce qui conduisit certains à affirmer que cette pratique était en réalité hors-la-loi), les hommes et les femmes tenaient des rôles sociaux différents, mais une femme était autorisée à travailler et à choisir elle-même son mari et le meurtre était strictement interdit, y compris l'infanticide. L'Islam enseigna aussi aux Arabes qu'il n'était pas suffisant de prier et d'éviter le péché ; la soumission à Dieu signifiait que toutes les sphères de l'existence devaient être soumises à la volonté de Dieu, c'est-à-dire que l'Islam offrait un cadre pour chaque chose, incluant la vie économique et politique d'une société.

Dans les conditions de l'époque, il n'est pas surprenant que cette nouvelle religion ait attiré très tôt de nombreux fidèles, une fois que les tentatives des classes dominantes de La Mecque pour la détruire physiquement eurent échoué. Elle fut l'instrument idéal pour renverser la société arabe et les sociétés environnantes. Mais l'époque dorée musulmane ne pouvait durer toujours. Il advint que les successeurs de Mahomet, les Califes - choisis pour diriger le monde musulman en fonction de leur supposée fidélité au message de Mahomet - furent en fait remplacés par des dynasties de dirigeants de plus en plus corrompus, qui revendiquaient cette charge comme étant héréditaire. Cette transformation fut complète lorsque la dynastie des Omeyyades accéda au Califat (680-750). Cependant, il est clair que lors de son surgissement, l'Islam exprimait une avancée dans l'évolution historique, et c'est de cela qu'il tire sa force originale et la profondeur de sa vision. Et même si, inévitablement, la civilisation musulmane médiévale ne réussit pas à vivre selon les idéaux de Mahomet, elle constitua pourtant un cadre pour des avancées fulgurantes dans le domaine de la médecine, des mathématiques et d'autres branches du savoir humain. Bien que le despotisme oriental sur lequel elle était fondée devait la conduire à l'impasse stérile à laquelle ce mode de production la condamnait, lorsqu'elle eut atteint le sommet de son développement, elle fit apparaître la société féodale occidentale, en comparaison, comme fruste et obscurantiste. Classiquement, ceci est symbolisé par l'énorme fossé culturel qui séparait Richard C?ur de Lion et Saladin à l'époque des croisades (15). On pourrait même ajouter que le fossé est encore plus large entre la culture musulmane à son zénith et l'obscurantisme que représente le fondamentalisme de nos jours.

Les Bolcheviks et le "nationalisme musulman'

Mais si les marxistes peuvent reconnaître un côté progressiste à l'Islam à ses origines, comment ont-ils analysé son rôle dans une période de révolution prolétarienne, où toutes les religions sont devenues un obstacle réactionnaire à l'émancipation de l'humanité ? Il est instructif d'examiner brièvement la politique des Bolcheviks dans ce domaine.

Moins d'un mois après la victoire de la révolution d'octobre 1917, les Bolcheviks ont diffusé une proclamation, A tous les ouvriers musulmans de Russie et de l'Est dans laquelle ils déclaraient être du côté des "ouvriers musulmans dont les mosquées et les lieux de culte avaient été détruits, dont la foi et les traditions avaient été piétinées par les Tsars et les oppresseurs de la Russie'. Les Bolcheviks s'engageaient ainsi : "Vos croyances et vos coutumes, vos institutions nationales et culturelles sont pour toujours libres et inviolables. Sachez que vos droits, comme ceux des autres peuples de Russie, sont sous la haute protection de la Révolution et de ses organes, les Soviets des ouvriers, soldats et paysans'.

Une telle politique signifiait un changement radical par rapport à celle des Tsaristes, qui avaient essayé de façon systématique et par la force (souvent par la violence) d'assimiler les populations musulmanes, après la conquête de l'Asie centrale, à partir du 16ème siècle. Rien d'étonnant alors que, par réaction, les populations musulmanes de ces régions se soient accrochées à l'Islam, leur héritage religieux et culturel. A quelques notables exceptions près, les Musulmans d'Asie centrale ne participèrent pas activement à la Révolution d'octobre, qui fut essentiellement une affaire russe :'Les organisations nationales musulmanes restèrent des spectateurs indifférents à la cause bolchevique' (16). Sultan Galiev, le "communiste musulman" qui joua un rôle important, déclara quelques années après la Révolution : "En faisant le bilan de la Révolution d'octobre et de la participation des Tatars, nous devons admettre que les masses laborieuses et les couches déshéritées tatares n'y ont pris aucune part.' (17)

L'attitude des Bolcheviks envers les Musulmans d'Asie centrale fut déterminée par des impératifs à la fois d'ordre interne et externe. D'une part, le nouveau régime devait s'accommoder de cette situation : les terres de l'ancien empire des Tsars étaient dans leur immense majorité musulmanes. Les Bolcheviks étaient convaincus que ces terres d'Asie centrale étaient essentielles, à la fois stratégiquement et économiquement, à la survie de la Russie révolutionnaire. Lorsque des nationalistes musulmans se révoltèrent contre le nouveau Gouvernement de Moscou, la réponse des autorités, dans la plupart des cas, fut de prendre des mesures brutales. A la suite d'une rébellion au Turkestan, par exemple, la réponse des unités militaires du Soviet de Tashkent fut de raser la ville de Koland. Lénine y envoya une commission spéciale, en novembre 1919, pour, dit-il, "restaurer des relations correctes entre le régime soviétique et les peuples du Turkestan' (18).

Un exemple de cette approche vers les problèmes que posaient ces régions musulmanes, fut la création par les Bolcheviks de l'organisation Zhendotel (Département des femmes ouvrières et paysannes) pour travailler parmi les femmes musulmanes en Asie centrale soviétique. Zhendotel centra plus particulièrement son action sur le problème de la religion dans cette région très en retard économiquement. Il convient de noter qu'à ses débuts, Zhendotel eut une approche pleine de patience et de sensibilité envers les délicats problèmes auxquels il était confronté. Les membres féminins de l'organisation portaient même le paranja (un voile islamique couvrant complètement la tête et le visage) au cours de discussions tenues avec des femmes musulmanes.

Alors que quelques organisations nationalistes musulmanes se rallièrent pour un temps à la contre-révolution pendant la guerre civile de 1918-1920, la plupart en vinrent à accepter à contre c?ur le régime bolchevique, qui leur apparut comme un moindre mal, après avoir souffert des exactions des armées blanches de Dénikine. Beaucoup de ces "nationalistes musulmans" rejoignirent le Parti communiste, et nombreux sont ceux qui occupèrent des postes de haut rang au gouvernement. Cependant, seul un petit nombre semble avoir été convaincu par la validité du marxisme. Le célèbre Tatar Sultan Galiev fut représentant bolchevique au Commissariat central musulman (formé en janvier 1918), membre du Collège interne du Commissariat du peuple aux nationalités (Narkomnats), rédacteur en chef de la revue Zhin" Natsional'nostey, professeur à l'Université des Peuples de l'est, et dirigeant de l'aile gauche des "Nationalistes musulmans'. Mais même cette figure emblématique des éléments recrutés parmi les nationalistes musulmans, fut au mieux un "communiste national" comme il se désigna lui-même dans le journal tatar Qoyash (Le Soleil) en 1918, expliquant son adhésion au Parti bolchevique en octobre 1917 en ces termes : "Je suis venu au Bolchevisme par l'amour de mon peuple qui pèse si lourdement sur mon c?ur' (19).

D'autre part, les Bolcheviks comprirent que leur révolution, pour survivre, avait besoin que les ouvriers des autres pays la rejoignent. L'échec des révolutions dans les pays occidentaux développés (en particulier en Allemagne), les conduisit à se tourner de plus en plus vers la possibilité d'une vague "nationaliste révolutionnaire" en Orient. Cette politique n'avait rien de prolétarien, mais comme les premiers signes d'un recul de la vague révolutionnaire se faisaient sentir, et compte tenu de l'isolement grandissant de la révolution russe, les Bolcheviks inclinaient de plus en plus vers cette vision opportuniste, pensant qu'elle conduirait à une révolution prolétarienne. Mais pour le moment, la "question d'Orient" - le soutien aux luttes de "libération nationale" au Moyen-Orient et en Asie - était vue comme le moyen de libérer la Russie soviétique de l'emprise de l'impérialisme britannique.

L'Internationale communiste et le mouvement pan-islamique

C'est dans ce contexte que les Bolcheviks furent conduits à faire évoluer l'attitude de l'Internationale communiste envers les mouvements panislamiques. Lors de son deuxième congrès en 1920, l'IC manifesta que les énormes pressions exercées par les forces de la contre-révolution, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la Russie, commençaient à le faire plier. Des concessions à la ligne opportuniste furent faites, dans le vain espoir de diminuer l'hostilité du monde capitaliste envers la société soviétique. Les communistes furent obligés de s'organiser au sein des syndicats bourgeois, de rejoindre les partis socialistes et travaillistes, ouvertement pro-impérialistes, et d'appuyer les soi-disant "mouvements de libération nationale" dans les pays sous-développés. Les "Thèses sur la question nationale et coloniale" - servant à justifier le soutien aux "mouvements de libération nationale" - furent préparées par Lénine pour le congrès et adoptées avec seulement trois abstentions.

Cependant, le deuxième congrès traça les grandes lignes de la collaboration avec les Musulmans. Dans ses "Thèses', Lénine déclarait : "Il est nécessaire de lutter contre les mouvements panislamiques et pan-asiatiques, et autres tendances similaires, qui essaient de combiner la lutte de libération contre l'impérialisme européen et américain avec le renforcement du pouvoir de l'impérialisme turc et japonais ainsi que des potentats locaux, grands propriétaires, hauts dignitaires religieux, etc.' (20)

Bien qu'il votât la résolution, Sneevliet, représentant des Indes orientales néerlandaises (actuellement l'Indonésie), affirma qu'une organisation de masse islamiste et radicale y était présente. Sneevliet déclara que Sarekat Islam (L'Union islamique), avait acquis un "caractère de classe", en adoptant un programme anticapitaliste. Ces "hadjis communistes" (hadjis désignant ceux qui ont fait le pèlerinage à La Mecque), insistait-il, étaient nécessaires à la révolution communiste (21). Ceci n'était que la continuation de la politique développée par l'ancienne Union social-démocrate indonésienne (ISDV), qui plus tard constitua la majeure partie du Parti communiste indonésien (PKI), formé en mai 1920. Dès le début, les marxistes indonésiens eurent une relation ambiguë avec l'Islam radical, comme le CCI l'a déjà souligné :

"Des membres indonésiens de l'ISDV, étaient en même temps membres, et même dirigeants du mouvement islamique. Au cours de la guerre (première guerre mondiale), l'ISDV recruta un nombre considérable d'Indonésiens membres du Sarekat Islam, qui en comptait quelque 20 000? Cette politique préfigura, sous une forme embryonnaire, la politique adoptée en Chine après 1921 - avec l'encouragement de la part de Sneevliet et de l'Internationale communiste - de former un front uni, conduisant même à la fusion d'organisations nationalistes et communistes (le Kuomintang et le PC chinois) (...) Il est significatif qu'au sein de l'Internationale communiste, Sneevliet représentait à la fois le PKI et l'aile gauche de Sarekat Islam. Cette alliance avec la classe bourgeoise indigène musulmane devait durer jusqu'en 1923" (22).

Le Congrès de Bakou des Peuples d'Orient

La première application de ces "Thèses sur la question nationale et coloniale" fut ce qu'on appela le Congrès des peuples de l'Orient, tenu à Bakou (Azerbaïdjan) en septembre 1920, peu après la clôture du second congrès de l'Internationale communiste. Au moins un quart des délégués à la conférence n'étaient pas communistes, et parmi eux il y avait des bourgeois nationalistes et panislamistes, ouvertement anticommunistes. A cette conférence, présidée par Zinoviev, on appela à la "guerre sainte" (les termes mêmes de Zinoviev) contre les oppresseurs étrangers et de l'intérieur, pour des gouvernements ouvriers "et paysans" à travers le Moyen-Orient et l'Asie, dans le but d'affaiblir l'impérialisme, particulièrement l'impérialisme britannique.

L'objectif des Bolcheviks était d'établir une "indéfectible alliance" avec ces éléments disparates, dans le but principal de desserrer l'encerclement de la Russie établi par l'impérialisme. Toute la substance opportuniste de cette politique fut exposée par Zinoviev lors de la session d'ouverture du congrès, quand il décrivit l'ensemble des délégués à la conférence, et à travers eux les mouvements et les États qu'ils représentaient, comme la "deuxième épée" de la Russie, et que la Russie "considérait comme des frères et des camarades de combat" (23). Ce fut la première conférence "anti-impérialiste" (c'est-à-dire interclassiste) jamais tenue au nom du communisme.

John Reed, pionnier du communisme aux États-Unis, fut rendu malade par les travaux de ce congrès, auquel il assista. Angelica Balabanova (24) raconte dans son livre "Ma vie de rebelle", comment "Jack (John Reed) parla avec amertume de la démagogie et de l'apparat qui avaient caractérisé le congrès de Bakou, ainsi que de la manière dont les populations indigènes et les délégués d'Extrême-Orient avaient été traités" (25). Un "Appel du parti communiste des Pays-Bas aux peuples de l'Orient représentés à Bakou" apparaît dans l'édition en français des travaux du congrès et il fut certainement distribué aux délégués. Cet appel affirmait que des "milliers d'Indonésiens" s'étaient trouvés "réunis dans le combat commun contre les oppresseurs hollandais" par le mouvement pan-islamique Sarekat Islam, et que ce mouvement se joignait à lui pour saluer le congrès.

Au cours du congrès, Radek, du Parti bolchevique, évoqua ouvertement l'image des armées conquérantes des anciens sultans ottomans musulmans, déclarant : "Nous faisons appel, camarades (sic), aux sentiments guerriers qui inspirèrent jadis les peuples de l'Orient, quand, guidés par leurs grands conquérants, ils s'avancèrent vers l'Europe" (26). Moins de trois mois après le congrès de Bakou, qui avait salué le nationaliste turc Mustapha Kemal (Kemal Atatürk) celui-ci assassinait tous les dirigeants du Parti communiste turc. Pour son quatrième congrès, l'Internationale communiste avait poussé encore plus loin la révision de son programme. En introduisant les "Thèses sur la question d'Orient", qui furent adoptées à l'unanimité, le délégué hollandais van Ravensteyn, déclara que "l'indépendance de l'ensemble du monde oriental, l'indépendance de l'Asie, des peuples musulmans signifiait en soi la fin de l'impérialisme occidental". Auparavant, au cours du congrès, Malaka, délégué des Indes orientales néerlandaises, avait déclaré que les communistes avaient travaillé dans cette région en lien étroit avec Sarekat Islam, jusqu'à ce que des dissensions les séparent en 1921. Malaka affirma que l'hostilité envers le mouvement pan-islamique, exprimée par les Thèses du deuxième congrès, avait affaibli les positions des communistes. Ajoutant son soutien à la collaboration serrée avec le mouvement pan-islamique, le délégué de Tunisie nota que, contrairement aux PC anglais et français qui ne faisaient rien sur la question coloniale, au moins les panislamistes unifiaient les Musulmans contre leurs oppresseurs (27).

Les conséquences de la politique opportuniste des Bolcheviks

Le tournant opportuniste des Bolcheviks et de l'Internationale communiste sur la question coloniale se fondait, pour une large part, sur cette idée qu'il fallait trouver des alliés pour lutter contre l'encerclement de la Russie soviétique par l'impérialisme. Les gauchistes, pour faire l'apologie de cette politique, avancent aujourd'hui comme argument qu'elle a aidé l'Union soviétique à survivre ; mais, comme l'a reconnu la Gauche communiste italienne dans les années 30, le prix à payer pour cette survie a été la complète modification de ce que représentait le pouvoir des Soviets : de bastion de la révolution mondiale, il était devenu maintenant un acteur dans le jeu impérialiste mondial. Les alliances avec les bourgeoisies des colonies lui ont permis de s'intégrer dans ce jeu, mais cela s'est fait aux dépens des exploités et des opprimés de ces régions : ceci est clairement illustré par la faillite de la politique de l'Internationale communiste en Chine en 1925-1927.

L'abandon de la méthode marxiste rigoureuse sur cette question de l'Islam ne fut en fait qu'une partie d'un cours plus général vers l'opportunisme. C'est encore de nos jours une justification théorique à l'attitude ouvertement contre-révolutionnaire du gauchisme moderne, qui ne cesse de nous présenter Khomeini, Ben Laden et consorts comme combattant l'impérialisme, même si la forme de leur combat et leurs idées sont quelque peu erronées.

Il faut aussi noter que cette tentative de flatter les nationalistes musulmans a été combinée à un faux radicalisme qui a cherché à éradiquer la religion à travers des campagnes démagogiques. Ceci est une caractéristique particulière du stalinisme lors de son "virage à gauche", à la fin des années 1920.

Au cours de cette période, la patience et la sensibilité dont avait fait preuve Zhendotel furent abandonnées pour des campagnes forcenées en faveur du divorce et contre le port du voile. En 1927, d'après un rapport de Trotsky (28) : "On tint des meetings de masse au cours desquels des milliers de participantes scandaient :'A bas le paranja !' déchiraient leur voile qu'elles imbibaient de paraffine et brûlaient? Protégées par la police, des groupes de femmes pauvres parcouraient les rues, arrachant le voile des femmes plus riches, cherchant la nourriture cachée et pointant du doigt celles et ceux qui se cramponnaient aux pratiques traditionnelles qui étaient alors déclarées criminelles? Le jour suivant, ces actions sectaires et brutales furent payées au prix du sang : des centaines de femmes sans voiles furent massacrées par leurs familles, et cette réaction fut exacerbée par le clergé musulman, qui vit dans les récents tremblements de terre la punition d'Allah pour les refus de porter le voile. D'anciens rebelles Basmachis se rassemblèrent en une organisation secrète contre-révolutionnaire, le Tash Kuran, qui se développa grâce à leur engagement à préserver les valeurs et les coutumes locales (le Narkh)."

Tout ceci était aussi éloigné des méthodes originelles de la Révolution d'octobre que l'était le congrès de Bakou avec son charabia sur la Guerre sainte. La grande force des Bolcheviks en 1917 avait été leur engagement dans le combat contre les idéologies étrangères au prolétariat, en développant sa conscience de classe et ses propres organisations. Ceci demeure la seule base pour contrer l'influence de la religion et des autres idéologies réactionnaires.

Les Islamistes : à l'origine un courant marginal

De ce qui précède, nous pouvons voir que le problème de "l'Islam politique" n'est pas nouveau pour le prolétariat.

En fait, tous les groupes islamistes "modernes" trouvent leurs racines dans le mouvement des Frères musulmans (Ikhwan al-Muslimuun), la première organisation islamiste moderne importante, qui fut fondée en Égypte en 1928, et depuis s'est répandue dans plus de 70 pays. Leur fondateur, Hassan al-Banna, proclama la nécessité pour les Musulmans de "retourner dans le droit chemin" de l'Islam sunnite orthodoxe, à la fois comme antidote à la corruption croissante depuis le califat des Omeyyades, et pour "libérer" le monde musulman de la domination occidentale. Ce combat pourrait conduire à l'établissement d'un authentique État islamique, qui seul pourrait résister contre l'Occident.

Les Frères prétendaient suivre les traces d'Ahmed ibn Taymiyyah (1260-1327), qui s'opposa aux tentatives des penseurs musulmans hellénisés de réduire l'Islam et ses règles de gouvernement à de simples fonctions de la raison humaine. D'après Ibn Taymiyyah, un dirigeant musulman avait l'obligation d'imposer à ses sujets les lois de Dieu si nécessaire. L'Islam d'Ibn Taymiyyah se proclamait très pur, débarrassé de tous ses ajouts modernes. Les Frères musulmans modelèrent leur mouvement sur celui des Salafiyyah (purification) puritains des dix-septième et dix-neuvième siècles, qui eux aussi tentèrent d'appliquer les idées d'Ibn Taymiyyah.

En fait, la clef du succès des Frères musulmans réside dans leur extrême flexibilité tactique, étant préparés à travailler avec n'importe quelle institution (parlement, syndicat?) ou organisation (staliniens, libéraux?) qui pourrait mettre en avant leurs projets de "ré-islamisation" de la société. Pour Al-Banna, il était de toute façon clair que l'État islamique que son mouvement recherchait, interdirait toutes les organisations politiques. Sayyed Qoutb, qui succéda à Al-Banna comme leader du mouvement en 1948 (29), dénonçait de la même façon "l'idolâtrie socialiste ou capitaliste", c'est-à-dire le fait de mettre en avant des objectifs politiques avant les lois de Dieu. Il ajoutait : "Il est nécessaire de rompre avec la logique et les coutumes de la société qui nous entoure, de construire le prototype de la future société islamique avec les "vrais croyants", puis, au moment opportun, engager la bataille contre la nouvelle jahiliyya".

Vers 1948, le mouvement s'était considérablement accru, comptant entre trois cent et six cent mille militants pour la seule Égypte. Il survécut à une féroce répression de l'État, fin 1948, début 1949, et se reconstitua. Il fut, pendant une courte période, l'allié de Nasser et de son Mouvement des Officiers Libres, qui fomenta un coup d'État en juillet 1952. Une fois au pouvoir, Nasser emprisonna de nombreux Frères musulmans et mit ce mouvement hors la loi. Bien qu'en principe encore interdit, le mouvement a pu envoyer des députés au parlement et contrôle un certain nombre d'organisations non gouvernementales islamiques. Il rencontre un soutien grandissant auprès des masses urbaines défavorisées en proposant des services sociaux qui ne sont pas fournis par l'État.

Le succès des Frères musulmans est une constante référence pour des groupes "fondamentalistes" plus récents - dont la plupart s'en sont séparés, proclamant qu'ils ont modéré leur discours depuis qu'ils ont gagné le support des masses et quelques sièges au parlement. Des groupes qui s'en inspirent existent partout dans le "monde musulman" - non seulement au Moyen-Orient mais aussi en Indonésie et aux Philippines, et même dans d'autres pays où les Musulmans ne forment pas la majorité de la population. Cependant, d'une façon générale, ces groupes ressemblent plus aux Frères musulmans des origines (prônant la violence terroriste), qu'à la force relativement modérée qu'ils sont devenus. Et, dans tous les cas, ces groupes ne peuvent exister que grâce au soutien matériel fourni par l'un ou l'autre des États qui les manipulent au bénéfice de leurs propres objectifs en matière de politique étrangère. C'est comme cela que fut fondé à Gaza le Hamas (Mouvement de la Résistance islamique) par Israël, qui espérait en faire un contre poids à l'OLP. Mais à la fois le Hamas et l'organisation du Djihad islamique ont coopéré avec l'OLP et d'autres organisations nationalistes palestiniennes - elles mêmes manipulées à leur tour par des puissances étrangères comme la Syrie ou l'ancienne Union soviétique. En Algérie, le GIA (Groupe islamiste armé) reçoit plus ou moins ouvertement des fonds et de l'aide des États-Unis, qui s'efforcent, par là, d'affaiblir la concurrence que fait la France à la seule superpuissance restante. Récemment, en Indonésie, des groupes islamistes ont été manipulés par des fractions politico-militaires pour successivement mettre en place et renverser le Président. Plus connue encore, la création au Pakistan par les États-Unis du mouvement des Talibans d'Afghanistan, qui furent, avec succès, dressés contre leurs anciens alliés islamistes, les diverses fractions moudjahidines qui entraînaient l'Afghanistan vers le chaos total. Les États-Unis ont aidé activement Oussama Ben Laden dans sa lutte contre l'impérialisme russe, fournissant un support au groupe maintenant connu sous le nom d'Al Qaïda.

D'autres variantes du modèle original sont fournies par des groupes dont les membres sont issus de la secte musulmane Chi'a. État chiite le plus peuplé, l'Iran a été la source de ces variantes, qui incluent des groupes présents dans de nombreux pays, notamment au Liban et en Irak. L'Iran lui-même est souvent décrit comme un État où le "fondamentalisme est au pouvoir", mais ceci est trompeur, car le régime s'est mis en place plus pour combler un vide que sous l'action d'un groupe "islamiste". Il est certain que dans ses premières années, le régime de Khomeini a établi avec succès, par des actions de masse, un support populaire envers l'État, proposant un impossible "retour" aux conditions de l'Arabie du 7ème siècle. Cependant, il est important de comprendre que les mollahs d'Iran (le clergé) ne sont venus au pouvoir que grâce à l'extrême faiblesse du prolétariat iranien : les ouvriers de l'industrie pétrolière, par exemple, ont été en grève pendant un total de six mois, paralysant cette industrie clef pour l'Iran, dans le but d'abattre le régime du Shah. Seule force d'opposition ayant des objectifs politiques clairs et capable de fonctionner dans la légalité, les mollahs ont pris le contrôle de la mobilisation confuse contre le Shah. Cependant, il faut noter que les partisans de Khomeini n'ont pris le pouvoir qu'après une déformation fondamentale de la doctrine chiite : depuis la disparition du dernier dirigeant chiite, il y a plusieurs siècles, les croyants chiites doivent s'opposer résolument à tout pouvoir politique temporel (30).

Une fois au pouvoir, en février 1979, les mollahs ont saisi toute opportunité pour étendre leur influence vers les autres pays, en entraînant, armant et fournissant une base aux groupes islamistes chiites agissant dans ces pays, comme la milice du Hezbollah (parti de Dieu) au Liban, qui a toujours soutenu Khomeini. Elle en a été remerciée par une importante aide matérielle de l'Iran, à partir de 1979, ainsi que de la Syrie son alliée.

L'Afghanistan a fourni d'autres variantes, au moins une pour chaque groupe ethnique important composant ce pays. Bien que tous ces groupes afghans partagent cette notion d'un État unitaire islamique (en fait "islamiste"), il leur a été extrêmement difficile de rester unis pendant longtemps, même et surtout après l'élimination de concurrents communs. Les luttes intestines meurtrières qui ont suivi l'effondrement du régime pro-russe en 1992, ont convaincu l'impérialisme US de cesser de les soutenir et de créer une nouvelle force plus unitaire, les Talibans, qui pourraient constituer un régime stable pro-US. Toutes ces fractions islamistes disparates d'Afghanistan se sont rendu coupables de massacres collectifs, des plus horribles actes de cruauté, tels que viols, tortures, mutilations et massacres d'enfants, sans oublier leur rôle dans le commerce international de la drogue, qui a fait de l'Afghanistan le plus grand exportateur d'opium brut dans le monde.

Il n'est pas possible, faute de place de décrire la totalité de ces groupes et toutes leurs imbrications. Mais comme nous l'avons vu, les Frères musulmans ont constitué le paradigme, le modèle pour le "fondamentalisme islamique" moderne. Différentes versions de ce mouvement existent, aussi bien chiites que sunnites, mais aucune d'entre elles ne s'oppose vraiment au capitalisme et à l'impérialisme : elles font partie intégrante du monde "civilisé".

Le fondamentalisme : un rejeton de la civilisation capitaliste agonisante

Confrontés à la propagande bourgeoise qui nous parle d'un "choc de civilisations', d'un combat à mort entre "l'Occident" et "l'Islam militant", propagande véhiculée aussi bien par les occidentaux que par les partisans de Ben Laden, il est très important de montrer que l'Islamisme actuel, est un pur produit de la société capitaliste en pleine époque de sa décadence.

Ceci est d'autant plus important que la véritable nature des mouvements islamistes n'est pas clairement comprise par les groupes du milieu politique prolétarien. Dans un récent article (31) de sa revue Revolutionary Perspectives, le BIPR soutient que l'Islamisme est le reflet de l'incapacité du capitalisme à éliminer complètement les vestiges précapitalistes, et aussi qu'il n'y a jamais eu de réelle "révolution bourgeoise" dans le monde musulman. L'article continue ainsi : "Contrairement à certaines hypothèses selon lesquelles l'Islamisme n'est qu'un pur réflet du mode de production capitaliste, il n'en est rien. Il est l'expression confuse de la coexistence d'au moins deux modes de production."

Toujours d'après cet article, l'Islamisme "est devenu une idéologie capable de maintenir l'ordre capitaliste avec des mesures idéologiques et culturelles non capitalistes". Il est affirmé que : "Contrairement au Christianisme, l'Islam n'a pas suivi un long processus de sécularisation et d'éclaircissement? Le monde musulman est resté relativement inchangé au sens historique, et a réussi, même à l'ère du capitalisme, à garder sa vieille identité, car le capitalisme n'a pu ni voulu éliminer les structures précapitalistes de la société : en conséquence, Dieu n'est pas mort en Orient."

Comme preuve à ces affirmations, l'article parle de la perpétuation de ce qu'il appelle "l'ancienne communauté du clergé maintenant des liens serrés avec le Bazar'", qui a "réussi à ne pas se laisser ébranler" par la pression de la modernisation. En conséquence, l'article maintient que "le monde musulman doit contenir en son sein deux modes de production et deux cultures". L'Islamisme tire sa force de cette dualité, qui lui permet d'apparaître comme une alternative au capitalisme d'État. Bien qu'étant "une pièce maîtresse de l'ordre capitaliste", l'Islamisme, ajoute l'article, "est ironiquement en contradiction avec ce même ordre, à certains niveaux". C'est une erreur. Il est vrai qu'aucun mode de production n'existe de façon totalement pure. L'esclavage a existé à différentes époques, dans toutes les formes de sociétés de classe. L'Angleterre, État capitaliste le plus ancien, n'en a pas encore totalement terminé avec son "aristocratie", et cela pour ne donner que deux exemples. Il est vrai, également, que la pénétration du capitalisme dans les régions dominées par la religion musulmane se fit tardivement et de façon incomplète, et qu'elles n'ont pas connu l'équivalent d'une révolution bourgeoise. Mais, quels que soient les vestiges du passé qui subsistent et pèsent dans ces régions, celles-ci sont totalement sous la domination de l'économie capitaliste mondiale, et font partie d'elle.

Le Bazar, dans le monde musulman, n'est pas une institution en dehors du capitalisme, pas plus que cette relique vivante qu'est la Reine d'Angleterre ou cet autre reste de la féodalité qu'est le Pape Jean Paul II ne le sont. En fait, les bazaris, les marchands capitalistes du Bazar de Téhéran, ont représenté un appui important à la poussée de Khomeini en 1978-1979 en Iran, et restent encore une fraction capitaliste d'importance vitale. Les désaccords - qui s'expriment parfois de façon violente - entre les bazaris et d'autres fractions du régime iranien, plus sécularisées ou influencées par l'Occident, représentent des contradictions au sein du capitalisme. Bien que ces conflits puissent affaiblir l'économie capitaliste du pays, ils sont, pour la bourgeoisie dans son ensemble, un immense bénéfice politique, car ils détournent le prolétariat iranien de son terrain de classe, vers cette fausse alternative : appuyer la fraction "réformiste" ou la fraction "radicale" du capital iranien. Nous voilà très loin "des mesures idéologiques et culturelles non capitalistes" dont parle l'article du BIPR.

De plus, en Iran, les relations entre les bazaris et les dirigeants politiques sont plus fortes que nulle part ailleurs, ceci étant dû à l'histoire de ce pays et à la forme d'Islam qui y est pratiquée, de telle sorte qu'on ne peut utiliser cet exemple pour prouver que l'Islamisme a quelque chose de "précapitaliste". Au contraire, le point commun des pays musulmans est leur utilisation très efficace des aspects de la société émanant d'un passé précapitaliste au service des besoins très actuels des capitalistes modernes. C'est pourquoi, la famille royale saoudienne, Gamal Nasser, les fractions politiques indonésiennes et autres représentants de la riche classe capitaliste, ont tour à tour utilisé et rejeté les groupes islamistes, tout à fait capitalistes bien que réactionnaires, et qui, en paroles, voulaient réintroduire la société précapitaliste, pour préparer leur chemin vers le pouvoir. Et il ne peut en être autrement. Partout dans le monde, les fractions capitalistes ne se sont jamais gênées pour mobiliser les éléments les plus rétrogrades afin d'atteindre leurs propres objectifs, bien modernes, et ce d'autant plus dans la période de décomposition. Le capitalisme allemand l'a prouvé en utilisant Hitler. Tout comme les Frères musulmans, les partisans de Khomeini et d'Oussama Ben Laden ainsi qu'Adolf Hitler ont constitué un mélange confus de vieux restes réactionnaires précapitalistes pour servir les intérêts de leur classe dominante. Sous cet aspect, l'Islamisme n'est pas différent. L'Islamisme emprunte en fait énormément à l'idéologie nazie, en particulier en adoptant sans réserve l'idée d'une conspiration juive mondiale. De plus, ces relents de racisme accentuent la contradiction entre l'Islamisme et les enseignements originels du Coran, qui prêchait la tolérance envers les autres "Peuples du Livre".

Sous toutes ses formes, l'Islamisme n'est nullement en contradiction avec le capital. Il est certes le reflet du retard économique et social des pays musulmans, mais il fait partie intégrante du système capitaliste, et, par dessus tout, de sa décadence et de sa décomposition. Nous pouvons aussi ajouter que loin d'être en opposition au capitalisme d'État, l'idée d'un État islamique, qui justifie l'intervention de l'État dans chaque aspect de la vie sociale, est un vecteur idéal pour le capitalisme d'État totalitaire, qui est la forme caractéristique que prend le capital à l'époque de sa décadence.

Le fondamentalisme islamique s'est développé comme une idéologie d'une partie de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie dans leur combat contre les puissances coloniales et leurs valets. Il est resté un mouvement minoritaire jusqu'à la fin des années 1970, les mouvements nationalistes imprégnés d'idéologie stalinienne étant alors sur le devant de la scène. Ces mouvements ont atteint une force réelle dans des pays où la classe ouvrière est relativement peu nombreuse, où elle est récente et inexpérimentée. Les Islamistes se proclament eux-mêmes "les champions des peuples opprimés" (Khomeini). En Iran, par exemple, les partisans de Khomeini ont réussi à attirer la masse des habitants misérables des taudis de Téhéran dans leur mouvement, à la fin des années 1970, en se proclamant de façon mensongère les champions de leurs intérêts et en les appelant mustazifin, un terme religieux désignant les miséreux et les opprimés. Le capitalisme décadent, en s'enfonçant encore plus dans la misère de la décomposition n'a fait qu'exacerber les conditions de vie de ces couches. La marginalisation des Islamistes à leurs débuts travaille maintenant en leur faveur, et ils peuvent apparaître plus crédibles quand ils proclament que si toutes les idéologies non religieuses (de la démocratie au marxisme en passant par le nationalisme) ont échoué, c'est parce que les masses ont ignoré les lois de Dieu. La même raison a été évoquée par les Islamistes en Turquie pour "expliquer" le tremblement de terre en août 1999, comme auparavant par les Islamistes égyptiens pour un tremblement de terre dans les années 1980.

Ce genre de mystification attire facilement les couches de la population les plus touchées par la pauvreté et le désespoir. Aux petits bourgeois ruinés, aux habitants des taudis sans espoir de travail, et même à des éléments de la classe ouvrière, il offre le mirage d'un "retour" vers cet État parfait que la légende attribue à Mahomet, qui était supposé protéger les pauvres et empêcher les riches de faire trop de profits. En d'autres termes, cet État est présenté comme l'ordre social "anticapitaliste" par excellence. D'une manière typique, les groupes islamistes se prétendent ni capitalistes ni socialistes, mais "islamiques', et combattent pour l'établissement d'un État islamique sur le modèle de l'ancien Califat. Toute cette argumentation repose sur une falsification de l'Histoire : cet État musulman d'origine a existé bien avant l'époque capitaliste. Il était fondé sur une forme d'exploitation de classe mais, celle-ci, à l'instar du féodalisme occidental, n'a pas permis le développement des forces productives comme l'a fait le capitalisme. Mais aujourd'hui, chaque fois qu'un groupe islamiste radical prend le contrôle d'un État, il n'a pas d'autre alternative que de devenir le gardien chargé de maintenir les relations sociales capitalistes, et d'essayer de maximiser le profit à l'échelle de l'état-nation. Les mollahs iraniens, pas plus que les Talibans, n'ont pu échapper à cette loi d'airain.

Ce faux "anticapitalisme" s'accompagne d'un tout aussi faux "internationalisme musulman" : les groupes islamistes radicaux prétendent souvent ne faire allégeance à aucune nation particulière et appellent à la fraternité et à l'unité des musulmans à travers le monde. Ces groupes se décrivent, et ceux qui leurs sont opposés font de même, comme quelque chose d'unique - comme une idéologie et un mouvement qui transcendent les frontières nationales pour former un nouveau "bloc" effrayant, menaçant l'Occident de la même manière que l'ancien bloc "communiste". Ceci est dû en partie au fait qu'ils sont liés aux réseaux de la criminalité internationale : commerce des armes (incluant certainement des moyens de destructions massives comme les armes chimiques ou nucléaires) et trafic de drogue : l'Afghanistan en es

t un pivot comme on l'a vu. Dans ce contexte, Ben Laden, "seigneur de la guerre impérialiste", peut être vu par certains comme le nouveau rejeton de la "globalisation", c'est-à-dire du dépassement des frontières nationales. Mais ceci n'est vrai que comme l'expression d'une tendance à la désintégration des unités nationales les plus faibles. L'État "global" musulman n'existera jamais, car il viendra toujours se briser sur le récif de la compétition entre les bourgeoisies musulmanes. C'est pourquoi, dans leur lutte pour poursuivre cette chimère, les moudjahidins sont toujours obligés de se joindre au grand jeu impérialiste, qui demeure le terrain d'affrontement des États nationaux.

Derrière la "guerre sainte", à laquelle appellent les bandes islamistes, se cache en réalité la guerre traditionnelle, et qui n'a rien de "sainte", que se livrent les puissances impérialistes rivales. Les véritables intérêts des exploités et des opprimés du monde entier ne se trouvent pas dans une mythique fraternité musulmane, mais dans la guerre de classe contre l'exploitation et l'oppression dans tous les pays. Ils ne se trouvent pas plus dans un retour au gouvernement de Dieu ni des Califes, mais dans la création révolutionnaire de la première société réellement humaine de l'Histoire.

Dawson (6/1/2002)

Notes :


(1) : Marx, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel.

(2) : id.

(3) : 1966, Éditions Ann Harbor.

(4), (5), (6), (7) : ibid.

(8) : Anton Pannekoek, Lénine philosophe.

(9) : ibid.

(10) : M. Rodinson, Mohammed, Ed. Penguin, 1983.

(11), (12), (13) : ibid.

(14) : Lettre d'Engels à Marx, 6 juin 1853.

(15) : Saladin n'était pas seulement plus cultivé que Richard Coeur de Lion , il était aussi plus miséricordieux envers les non-combattants que ne le furent les Croisés, qui se sont illustrés par le massacre de populations entières (surtout des Juifs). Bien que, à la fois ses amis et ses ennemis comparent Ben Laden à Saladin, c'est plutôt aux Croisés qu'il faudrait le comparer, lui qui a déclaré, après le premier attentat à la bombe contre le World Trade Center : 'Tuer les Américains et leurs alliés, civils ou militaires, est un devoir pour tout Musulman'. C'est en ces termes que furent justifiés le massacre du 11 septembre 2001 ainsi que les attentats- suicides contre les civils israéliens.

(16) : Alexandra Bennigsen et Chantal Lemercier, Islam in the Soviet Union, Pall Mall Press, 1967.

(17) : Alexandra Bennigsen et Chantal Lemercier, Sultan Galiev, Le Père de la révolution tiers-mondiste, Ed. Fayard, 1986.

(18) : Alexandra Bennigsen et Chantal Lemercier, Islam in the Soviet Union, Pall Mall Press, 1967.

(19) : Alexandra Bennigsen et Chantal Lemercier, Sultan Galiev, Le Père de la révolution tiers-mondiste, Ed. Fayard, 1986.

(20) : Jane Degras, The Communist International 1919-1943 , vol. 1, Franck Cass & Co, 1971.

(21) : The Second Congress of the Communist International, New Park, 1977.

(22) : La Gauche Hollandaise, brochure du CCI.

(23) : Baku Congress of the Peoples of the East, New Park, 1977.

(24) : Angelica Balabanova, My Life as a Rebel.

(25) : voir E.H Carr, A History of Soviet Russia, Macmillan, 1978.

(26) : Baku Congress of the Peoples of the East, New Park, 1977.

(27) : Jane Degras, The Communist International 1919-1943 , vol. 1, Franck Cass & Co, 1971.

(28) : Alexandra Bennigsen et Chantal Lemercier, Islam in the Soviet Union, Pall Mall Press, 1967.

(29) : Hassan al Banna fut assassiné par la police secrète égyptienne le 12 février 1949, après l'assassinat par les Frères Musulmans du premier ministre, le 28 décembre 1948.

(30) : Khomeini prétendait qu'un religieux descendant direct de Mahomet pourrait servir de régent d'un État chi'ite islamique, en attendant le 'retour' éventuel du 12ème Imam.

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islam et marxisme

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #religion

 

01/01/2011

Islam vs marxisme – par Muhammed Fazlur Rahman Ansari

By Al-Wissâl

« C’est un truisme, que le Prophète Jésus (bénédictions d’Allah soient sur lui) aurait déclaré : «L’homme ne vit pas seulement de pain», c’est l’essentiel de la religion, et c’est ce qui distingue et sépare la religion du marxisme pour toujours. »

La menace marxiste est de plus en plus ressenti dans le monde musulman malgré les mesures politiques récentes, adoptées par certains Etats nonobstants  musulmans, et elle va continuer à croître tant que les conditions sociales et politiques demeurent ce qu’elles sont, tant que la pauvreté, la maladie de l’ignorance, l’exploitation et la tyrannie maintiendrons leur domination dans les pays musulmans et que les impérialistes purs et durs comme les Français continueront à garder d’importantes populations musulmanes sous leurs talons.

L’aspect pédagogique a également beaucoup souffert; par exemple, il n’y a pas eu de mouvement international organisé au nom du monde musulman pouvant mettre en commun toutes ses ressources intellectuelles et lui donner une avance spécialisée dans ce domaine. Certaines organisations religieuses ont fait un travail littéraire utile, pour laquelle chaque musulman devrait se sentir reconnaissants, mais rien de substantiel n’a été fait pour construire un véritable mouvement international pouvant entreprendre une lutte contre la menace marxiste.

Les quatre points fondamentaux exposées :

- L’engagement spirituel en Islam et son importance pour l’individu, la famille et la société

- Le travail social basé sur des concepts religieux comme la Zakat

- Le défi social de la réponse au communisme par l’Islam

- Transmettre les valeurs spirituelles de l’Islam à la jeune génération

Le point de différence fondamental :

C’est un truisme, que le Prophète Jésus (bénédictions d’Allah soient sur lui) aurait déclaré : «L’homme ne vit pas seulement de pain», c’est l’essentiel de la religion, et c’est ce qui distingue et sépare la religion du marxisme pour toujours.

Le marxisme nie la croyance en l’existence de Dieu, nie toutes les valeurs supérieures de la vie de l’homme. Considérant la terre comme elle est, à partir d’une philosophie mécaniste[1] et d’une psychologie behavioriste[2], il refuse de considérer l’homme comme quelque chose de plus qu’un automate – un grain de fuite sur le firmament de la matière – ou un simple jouet sur l’échiquier social. Il refuse de reconnaître chez l’homme, ses aspirations pour la communion avec Dieu, ses aspirations pour la Vérité, ses aspirations pour la perfection spirituelle, son raffinement moral avec son sérieux social, sauf que les aberrations et les sublimations de ses besoins économiques le soulève psychologiquement vers la perversion de la dignité et du principe moral. Il ne reconnaît que la validité de la valeur économique et du matérialisme nu, et sa dialectique, même si elle semble être dotée de ce qui pourrait être appelé paradoxalement, la conscience de soi, est, en dernière analyse, qu’un processus aveugle. Ainsi, le marxisme est aux antipodes de l’Islam. En fait, il en est anti-thèse.

Engagement spirituelle de l’Islam :

En ce qui concerne les bienfaits spirituels de l’Islam, ils peuvent être particularisé seulement en les étudiants, parce que, pratiquement parlant, l’ensemble de la super-structure de l’Islam est spirituelle dans le sens d’être conscient de Dieu. Le mot « Islam » signifie « soumission à la Volonté de Dieu », en d’autres termes, une vie pour l’amour de Dieu. Ainsi, un musulman est dans tous les aspects comportemental, et dans chaque domaine et chaque activité, sans aucune distinction entre «laïque» et «religieux», dans l’amour de Dieu et dans l’obéissance à Sa volonté et Ses commandements. C’est ce que nous lisons dans le Saint Coran :

Dis : « En vérité, ma Prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Dieu, Seigneur de l’Univers.

A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre. » (VI: 162, 163)

Du point de vue des problèmes dont nous sommes saisis, certains bienfaits spirituels de l’Islam pourraient être soulignés :

L’Islam est la base de toute vie spirituelle, bien que son approche de l’esprit et de la matière soit non-dualiste, c’est à dire, unitaire, dans l’ordre des valeurs, l’Islam donne la primauté au spirituel, debout donc et en opposition face au violent matérialisme marxiste.

Bien que le marxisme conçoit la vie que dans le respect, sous toutes ses formes, dans le cas de l’individu, il donne la priorité à la nourriture et au sexe et fait tourner l’existence qu’autour d’eux. L’Islam souligne la diffusion des fondamentaux les plus élevés de la vie. Ainsi, il en va, en ce qui concerne Dieu, non seulement de la réalité ultime, mais de la vie vraiment réel et oriente l’ensemble de la notion d’amour pour Lui. Dans le domaine des valeurs humaines, l’Islam conçoit la valeur économique émergeant de la morale et du spirituel.

Cela nécessite une croyance dans l’univers comme un ordre moral, que l’Islam affirme avec toute l’emphase possible. Selon l’Islam, les contradictions qui existent dans la sphère matérielle de l’existence, s’harmonisent elles-mêmes dans la sphère spirituelle, et dans ses enseignements sur la vie après la mort, l’Islam proclame que la vertu doit finalement triompher. L’univers étant un ordre moral, l’homme ne peut qu’être un être essentiellement moral. Loin de n’être qu’un tourbillon d’atomes aveugles dans une tempête de confusions, il est le possesseur d’une individualité et d’une personnalité, essentiellement construit sur les éléments de la bonté et de la vérité, dont le Saint Coran dit:

Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus parfaite. (XCV, 4)

Dans l’absolu, l’homme n’est pas l’esclave de l’instinct de la faim et du sexe, mais un être à qui les anges ont été ordonnés par Dieu Tout-Puissant, de rendre hommage, comme il est dit dans le Saint Coran :

Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent (II: 34)

Il est le sommet de la Création et le maître de tous autour de lui. C’est ce que dit ton Saint Coran :

Ne voyez-vous pas que Dieu vous a assujetti toutes choses dans les cieux et sur la terre ? Et Il vous a comblés de Ses bienfaits visibles et invisibles. Pourtant, il y a des hommes qui contestent Dieu, sans science et sans orientation, et sans livre pour les éclairer ! (XXXI, 20).

Et, encore une fois:

Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam, Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de pures subsistances, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures. (XVII: 70).

L’Islam a en effet élevé l’homme au plus haut point de grandeur dans la Création en l’appelant le khalif de Dieu sur la terre, auquel le Saint Coran se réfère en ces termes :

Voici que ton Seigneur dit aux anges : « Je vais établir un khalif sur la terre » (II:30).

L’Islam est la religion de l’équilibre et de l’harmonie, dont de nombreux versets du Saint Coran témoignent, comme par exemple :

Glorifie le nom de ton Seigneur, le Très Haut, Celui Qui a crée et agencé harmonieusement, qui a ordonné les lois et les orientations. (LXXXVII :1-3).

Et encore :

Le Tout Miséricordieux. Il a enseigné le Coran. Il a créé l’homme. Il lui a appris à s’exprimer clairement. Le soleil et la lune [évoluent] selon un calcul [minutieux] et l’herbe et les arbres se prosternent. Et quant au ciel, Il l’a élevé bien haut. Et Il a établit la balance, afin que vous ne transgressiez pas dans la pesée. (LV: 1-8)

Ainsi, l’Islam ordonne à l’homme d’affirmer toutes les valeurs de la vie spirituelle, morale, intellectuelle, esthétique et physique et de les poursuivre de manière équilibrée,  l’aidant à un développement harmonieux. Ce principe de l’harmonie au plus haut niveau social est en Islam bien connu sous le nom de fraternité humaine, qui, à son tour, met en relief le grand principe de coopération en opposition à l’idéologie marxiste de classe guerrière.

En résumé, les bienfaits spirituels de l’Islam exposés dans ce présent discours, révèlent l’incompatibilité absolue qui existe entre l’islam et le marxisme.

Individu et la société :

En ce qui concerne les relations entre l’individu et la société, l’Islam donne à l’individu ce qui appartient à l’individu et à la société  ce qui appartient à la Société. L’individu et la société ont été conçus non pas antithétiques mais complémentaires, le premier se réalise à travers ce dernier et vice-versa. En effet, dans son système unique, l’Islam a évité les lacunes à la fois d’individualisme et de collectivisme cruel et brutal, donnant une synthèse qui est naturelle et rationnelle.

Le marxisme est le collectivisme dans sa forme brute, avec un embrigadement proche de l’asservissement. Dans sa théorie de l’atomisme social[3], il considère l’individu comme la base de l’ensemble social. Mais très vite, cette théorie absorbe l’individu dans le concept de lutte des classes et noie finalement son identité dans le tourbillon social où la loyauté envers le bureau politique prime sur toutes les appartenances, y compris familiales.

En l’Islam, l’individu est l’unité spirituelle de la Société, tandis que la famille constitue l’unité sociale. Ainsi, l’individu est considéré comme étant fondamentalement un être libre avec une identité permanente, et son combat moral est destiné à l’enrichissement de sa propre personnalité ainsi que celle d’autres personnes, ce qui contribue, en dernière analyse, à l’enrichissement de la société humaine dans son ensemble. En ce qui concerne la famille, elle occupe, dans le code complexe de l’éthique islamique, une situation privilégiée, et le mariage, qui constitue la pierre angulaire de la superstructure de la vie familiale, a été déclaré essentiel, non seulement en ce qui concerne l’autogestion sociale de l’individu réalisé, mais aussi dans le cadre de sa perfection spirituelle. Ainsi, par exemple, le Prophète Muhammad (Allah le bénisse) dit :

« Le mariage fait partie de ma Sunna. Qui se détourne de ma Sunna s’est d’ores et déjà détourné de moi.« 

En outre :

« Le mariage est la moitié de la foi.« 

Les enseignements de l’Islam concernant l’individu et la famille sont directement et logiquement liées aux principes énoncés dans le cadre des bienfaits spirituels. L’Islam insiste sur le principe de la coopération à la différence de la philosophie marxiste, et une véritable coopération ne peut pas être possible qu’entre des êtres libres. Encore une fois, il n’y a pas de meilleure enseignement, pas de meilleur noyau pour la famille. C’est pourquoi, la liberté fondamentale de l’individu et le caractère sacré de la famille sont assurés en l’Islam.

Service social sur la base du concept religieux :

Comme déjà souligné, l’Islam n’est pas seulement une religion mais une élaboration de l’ordre social, une civilisation à part entière. Par conséquent, l’ensemble du système islamique, dans la foi et la pratique, assure le service social basé sur des concepts religieux en assimilant tous les trois concepts de base, que sont : l’homme, la société et Dieu, en un ensemble harmonieux, en opposition au marxisme qui se limite strictement à «Homme et Société» et aussi en contraste avec les autres pensées religieuses en général limitées au problème de « l’homme et Dieu. » En effet, même les pratiques de dévotion dans l’Islam, comme les Prières, le jeûne et le pèlerinage comportent des objectifs au service du social.

Outre cette caractéristique fondamentale de l’Islam, il y a aussi un code social spécifique dans lequel le service social a été élevé à la dignité de la plus haute forme de vertu, de même que le Prophète Muhammad (paix soit sur lui) a dit :

« Le meilleur d’entre vous est le meilleur avec sa famille.« 

Ainsi, outre les devoirs envers Dieu, les droits à l’autonomie, nous trouvons une magnifique élaboration des devoirs envers les autres (individuels et collectifs) dans le code moral islamique. Nous avons également pour base les « cinq piliers » contenants eux-mêmes une institution nommée la «Zakat», qui trône parmi l’essentiel de l’Islam.

Zakat est la condition du meilleur impôt social – obligatoire dans la mesure où son refus renvois un homme hors de l’Islam – et il donne à l’Islam le privilège de donner au monde un système de bienfaisance organisé, différent, dans sa forme, de la charité que l’on trouve généralement dans la pratique des gens religieux. Composée de 2,5 % sur toutes les richesses thésaurisées et produites, elle est destinée uniquement au profit des pauvres et aux biens communs.

Malheureusement, en cet âge moderne de désordre (due à des causes diverses qui ne peuvent être raconté ici), l’institution de la Zakat est devenue une affaire privée et sa pratique est diminuée. Mais, au cours de la période glorieuse de l’histoire musulmane, elle existait avec toute la splendeur de sa gloire révolutionnaire. En effet, je sais, comme tous les étudiants de l’histoire islamique, qu’elle réussit même dès les premières étapes de sa création, à transformer un véritable désert de pauvreté, de misère et de souffrance en un oasis d’abondance pour tous. Et on peut dire sans la moindre ombre de doute, qu’elle peut accomplir le même miracle aujourd’hui encore, si elle est bien organisée par les gouvernements musulmans.

Cependant, Zakat n’est pas la seule institution dont l’Islam dispose pour l’éradication des fléaux sociaux. Il y a tout un ensemble de lois qui visent à la création d’un ajustement économique sain dans la société.

Réponse au défi social du communisme :

Et ceci nous amène à la réponse de l’Islam au défi social du communisme. Qu’on se le dise, de sa naissance jusqu’à ce jour, le communisme existe uniquement en raison des incohérences économiques. L’exploitation illimitée et l’oppression effrénée de l’homme par l’homme, conduira à une misère et une frustration généralisée, et donnera finalement l’incendie de la vengeance et de la révolte. Beaucoup adorent la richesse, au lieu d’adorer Dieu et de servir les valeurs supérieures, jusqu’à séparer la science économique de la morale et d’autres considérations plus élevées. C’est ce que fait la majorité des économistes du monde moderne. Par exemple, selon Marshall: « L’économie est neutre entre les extrémités : Les extrémités peuvent être noble ou ignoble, un économiste ne s’en préoccupe pas »

En Islam, les incohérences économiques ne peuvent être véritablement résolues qu’en apprivoisant l’animalité de l’homme, sans apporter une réforme morale et spirituelle générale. L’Islam estime que l’économie doit être guidée par des principes moraux fondés sur la plus haute des vérités spirituelles.

L’Islam ordonne, par sa spiritualité complète et sa morale forte dans la sphère de l’économie, d’éradiquer la misère économique à travers la diffusion la plus large possible de la richesse. Le Saint Coran énonce le principe :

« Que cela (les richesses) ne circule pas parmi les riches seulement. » (LIX: 7)

Et c’est sur ce principe de structure économique, que l’Islam peut considérer fournir la réponse au défi du communisme sur le plan social, avec, en même temps, la lumière de ses pratiques spirituelles et de ses perspectives morales.

ISLAM, capitalisme et socialisme :

Les conditions des malheureux dans le monde musulman d’aujourd’hui ont égaré certains dans le fait de considérer le système économique islamique comme une forme de «capitalisme». Rien ne peut être plus éloigné de la vérité. L’Islam est véritablement une classe à part. Mais si l’Islam pouvait être comparé à une des idéologies modernes, ce serait le socialisme.

L’Islam n’est pas «capitalisme», car, même si elle permet la propriété privée et donne la possibilité d’initiative personnelle, l’Islam est catégoriquement opposé à la concentration des richesses dans les mains de quelques uns. Et pour cela, l’Islam use de différents moyens des plus importants parmi lesquelles :

- L’Islam considère propriété d’état, les «moyens de production», comme les ressources minérales et pétrolières, ce qui élimine de sa société les seigneurs de l’acier et les rois du pétrole.

- L’Islam interdit l’usure et l’intérêt sous toutes les formes (ribâ). Tous les étudiants en économie savent que le plus grand soutient du capitalisme aujourd’hui, vient du système bancaire moderne qui fonctionne sur la base de l’intérêt.

- Dans le domaine de l’agriculture, l’Islam ne favorise pas les propriétaires féodaux. Son idéal est la création d’une société de paysans-propriétaires.

- Parmi tous les systèmes de droit, la loi islamique de l’héritage est la plus anti-capitaliste. Il est pour la distribution de la richesse héritée au plus grand nombre de personnes, sur la base de la plus grande marge de relation.

- L’Islam condamne fortement l’accumulation de capital. Il impose une taxe assez lourde sur l’ensemble du capital, au-dessus d’une certaine norme minimale, pour le bénéfice des moins fortunés.

Le système économique islamique est « socialiste » parce que :

- L’Islam fait obligation à l’Etat islamique de fournir les nécessaires de base pour vivre, y compris les nécessités modernes, tels que les services de santé et d’éducation gratuite, pour tous ses citoyens.

- L’Islam est est opposé aux monopoles et favorise la participation du plus grand nombre de personnes dans le commerce.

- Dans le domaine de l’industrie, l’idéal de l’Islam est la création d’une coopérative guilde[4] des travailleurs où toutes les formes d’exploitation ainsi que le sang des troubles sont éliminés.

- L’islam protège le salarié contre tous les dommages possibles que le capitalisme pourrait faire pour lui faire subir en fermant les portes, et pour ce faire, il crée un fonds pour l’entretien, par l’état, de tous les chômeurs.

- l’islam n’est pas seulement de délimiter clairement et légitimement ce qui est socialement bon et socialement mauvais, les moyens et méthodes de revenu, mais il limite aussi les éléments des dépenses légitimes de telle manière que, dans un société véritablement islamique, il doit devenir (et il l’est devenir, dans la période glorieuse de l’histoire musulmane) impossible de trouver des inégalités flagrantes dans les manifestations de base de la vie économique. Dans le domaine du luxe, ce cœur qui brûle le social, l’Islam impose des limites. Par exemple, les ustensiles de cuisine en or et en argent qui ont toujours fait partie intégrante de la vie aristocratique, l’Islam leur interdit définitivement. De même, l’Islam interdit l’utilisation de certains types de vêtements aristocratiques par des hommes. L’Islam permet aux musulmans de ne dépenser que sur certaines choses ayant une utilité réelle pour le développement de la vie humaine.

- Comme tous les étudiants de l’Islam le savent, l’Islam établit la «démocratie spirituelle», la «démocratie sociale» et la «démocratie politique» du type le plus parfait. Les enseignements de l’Islam relatives à ces trois aspects de la vie humaine, combinés avec ses enseignements économiques, si elles sont suivies à la lettre et l’esprit, garantissent la mise en place d’une société sans classes.

Une seule question se rapportant à la présente discussion reste maintenant : Comment peut-on transmettre ses valeurs spirituelles à la jeune génération ?

Transmission des valeurs spirituelles de l’Islam à la jeune génération :

En pratique, il peut y avoir, pour la transmission en dehors de son foyer, seulement deux médias : la chaire et la presse. Mais l’ensemble du système d’éducation des pays musulmans doit être réformé de manière à inciter tous les musulmans et établissements d’enseignements à véhiculer principalement l’aspect théorique et l’aspect pratique de la philosophie islamique de la vie. D’autre part, chaque Etat musulman doit maintenant revoir sa Constitution de manière à devenir capable de remplir toutes les obligations islamiques, et d’appliquer les pratiques modèles de l’Islam dans l’enseignement et les politiques économiques et sociales. Sinon, la voie de la transmission des valeurs islamiques continueront à être écrasées ; et cela rendra pratiquement inutile toute influence provoquer dans le foyer, la chaire et la presse. C’est un truisme, il n’est guère besoin de tant de preuves après l’étude de l’état actuel des choses tristes obtenues dans le monde musulman où les valeurs islamiques plantées se dessèchent faute de nourritures biologiques.

Par Muhammed Fazlur Rahman Ansari

[1] Théorie philosophique qui considère que tout phénomène est le produit des propriétés mécaniques de la matière.

[2] Théorie d’origine anglo-saxonne fondant ses analyses sur les comportements et excluant l’introspection.

[3] Concept du chacun pour soi : l’individu est la seule entité qui est une existence reconnue.

[4] Association (de marchands, d’artisans) qui procure à ses membres des avantages.

Traduction : KH pour Al-Wissâl

Reproduction autorisée avec indication des sources.

This entry was posted on Samedi 1 janvier 2011 at 07:09 and posted in athéisme, économie, califat, capitalisme, charia, communisme, esclave moderne, Finance Islamique, islam, Jacques Attali, Karl Marx, Khilafah, Marx, marxisme, matérialisme, Monde Musulman, monothéisme, Muhammad, Muhammed Fazlur Rahman Ansari, new-age, Nouvel Ordre Mondial, Oumma, Psychologie, reflexion, religion, shirk, socialisme, société. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed.


 

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islam et capitalisme

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia.tn Publié dans #religion

Islam et capitalisme

Par John M. Hobson

« Supposons que nous vivions en l’an 900. Comme le chapitre II l’a montré, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord musulmans étaient à l’époque le berceau de la civilisation. Non seulement c’était la région la plus avancée dans le monde, située au centre de l’économie mondiale, mais elle connaissait une croissance économique considérable (...). Si nous avions à effectuer une enquête sur les causes de ce développement économique musulman, nous pourrions aboutir aux réponses suivantes. (...)D’abord c’était une région pacifiée, qui connaissait une croissance des villes et dans laquelle les capitalistes étaient engagés dans le commerce mondial de longue distance. Ensuite, les marchands musulmans n’étaient pas seulement des commerçants, mais aussi des investisseurs capitalistes rationnels qui commerçaient, investissaient et spéculaient dans des activités du capitalisme mondial pour un profit maximum. En troisième lieu, un système d’institutions rationnelles avait vu le jour, y compris le clearing system,des banques effectuant des échanges de monnaie, des dépôts et des prêts à intérêt, un système de livres de comptabilité à double entrée, des partenariats et des contrats légaux, le tout supposant une bonne dose de confiance. En quatrième lieu, la pensée scientifique se développait rapidement depuis l’an 800. En cinquième lieu, l’islam jouait un rôle particulièrement important pour stimuler le capitalisme sur une échelle mondiale. (...) Au lieu d’écrire L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, on aurait écrit L’Ethique musulmane et l’esprit du capitalisme,qui aurait démontré de manière définitive pourquoi seul l’islam était capable d’accompagner des progrès économiques importants et pourquoi l’Europe resterait prisonnière de sa stagnation guerrière. Ou nous aurions pu souscrire aux propos d’un contemporain, Saïd Al-Andaloussi, suivi plus tard par Ibn Khaldoun : le fait que l’Europe occupe une région tempérée froide signifiait que ses peuples étaient ignorants, manquaient de curiosité scientifique et resteraient attardés. »

The Eastern Origins of Western Civilisation, p. 297.

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scientisme

27 Avril 2011 , Rédigé par intelligentsia Publié dans #philosophie

Dictionnaire des religions

et des mouvements philosophiques associés

Sc

>>>   Sommaire du dictionnaire des religions

 


 

Scepticisme / sceptique

Le scepticisme est un mouvement philosophique qui érige le doute en système et ne croit pas en la possibilité d'atteindre avec certitude la connaissance et la vérité. En matière religieuse le scepticisme ne se prononce pas sur l'existence ou la non existence de Dieu. Principaux défenseurs du scepticisme :
Antiquité : Pyrrhon d'Elis (360-270 av. J.-C.), Sextus Empiricus (env. 150 av. J.-C.), Moyen Age : Montaigne,
Pierre Bayle, Blaise Pascal.
Voir les
citations sur le scepticisme.


 

Schisme

Du grec skhismos, séparation.
Un
schisme est une séparation conduisant à la rupture au sein d'une religion. L'Eglise orthodoxe grecque s'est séparée de l'Eglise catholique romaine lors du Schisme d'Orient de 1054.
Le grand schisme d'Occident qui dura de 1378 à 1417 conduisit à l'élection de deux papes, l'un siégeant à Rome, l'autre à Avignon. Il ne reposait pas sur des points de
dogme, mais sur des questions de personnes et d'intérêts matériels. Il eut pour conséquence d'affaiblir l'autorité de l'Eglise.


 

Scientisme / scientiste

Le scientisme est un mouvement philosophique issu du positivisme, apparu dans la seconde moitié du XIXe siècle qui fait de la science le but ultime de l'esprit humain. Pour le scientisme, la science, seule connaissance véritable, permet de décrire complètement la réalité et de connaître la nature intime des choses. Elle est suffisante pour satisfaire l’ensemble des besoins de l’intelligence humaine.
Le scientisme s'accompagne souvent d'une hiérarchisation simplificatrice des degrés d'explication de la réalité : la sociologie d'appuyant sur la psychologie, la psychologie sur la biologie, la biologie sur la biochimie, la biochimie sur la chimie, la chimie sur la physique, la physique sur les mathématiques.
Les scientifiques qui partagent une telle vision de leur activité sont souvent considérés comme des "croyants" ayant la science pour religion.


 

Scientologie / scientologue

L'Eglise de Scientologie est une secte fondée en 1954 par Lafayette Ron Hubbard (1911-1986), auteur de roman de science-fiction et obsédé par l'envie de faire fortune. Elle est fondée sur la Dianétique et une philosophie religieuse qui enseigne le développement de la personnalité et de la connaissance de soi par une pratique du conseil et l'entraînement mental. Elle révèle également la nature immortelle de l'homme. Son objectif est de soulager la condition humaine et d'aider les hommes à avoir une vie plus heureuse.
L'Eglise de Scientologie est très puissante. Sa particularité est de faire payer très cher à ses membres les "formations" qu'elle dispense. Elle est soupçonnée d'avoir des buts lucratifs et d'embrigadement psychologique de ses adeptes Elle est présente dans 120 pays et revendique 6 millions de membres. Elle a séduit des acteurs d'Hollywood comme John Travolta ou Tom Cruise.
Voir la revue de presse sur la
scientologie.


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27 Avril 2011 , Rédigé par OverBlog

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